Série The Newsroom : de l’addiction à l’info

De quoi ça parle ?

Université, amphithéâtre, face à des étudiants. Will Mc Avoy, présentateur vedette du journal de la chaine AWC, participe à un débat politique avec deux élus, l’un démocrate, l’autre républicain. Lessivé, il écoute le débat l’air absent.

Une étudiante lui pose une question, « Qu’est-ce qui fait de l’Amérique, le premier pays du monde ? ». Interpellé, il répond… sa vie change.

Que dire ?

Le premier épisode, le pilote donc, de cette série est une tornade scénaristique qui emporte tout sur son passage. En un épisode, Aaron Sorkin démontre que son oscar, décroché pour The Social Network n’était pas dû au hasard. Bien au contraire, la force de Sorkin ce sont les mots. Pour toute personne aimant les répliques cinglantes, l’humour à froid, les soliloques cyniques et/ou humanistes, la plume ou plutôt le clavier de Sorkin fait des miracles. Et quand est-ce qu’on sait qu’une réplique est réussie, eh bien lorsqu’on se dit, en riant, en s’énervant ou en réfléchissant : « J’aurais bien aimé l’écrire celle-là ! »

Et les perles s’enchaînent, Sorkin fait montre de son talent et c’est peut-être là que le bât blesse. Oui, il y a un côté quelque peu artificiel à cette maestria logorrhéique. Les personnages parlent quasiment tous de la même manière, ils ont tous des fortes personnalités et on se demande comment cela se fait-il qu’il n’y ait pas eu encore d’explosion nucléaire au sein de la rédaction…

Qu’est-ce qui fait que cette série échappe, de peu il est vrai, au qualificatif de « chef d’œuvre » ?

Sans doute, faut-il regretter la romance entre Will et Mc Kenzie, sa productrice, ancienne femme de sa vie qui l’a trompé et qui…

Bref, vous l’aurez compris cette romance molle gâche, un peu, le plaisir que fournit cette série politiquement incorrecte et qui traite de l’info, du pouvoir, des lobbys, des pressions, des magouilles, de la mauvaise foi et surtout elle nous amène à nous interroger sur notre rapport à l’information. Courir après l’information, est-ce la comprendre ? Ou est-ce la consommer ?

Et le casting est tout « bonnement parfaitement adéquat ». Jeff Daniels et Emily Mortimer font des miracles et emportent la troupe dans leur complicité.

À voir ou à zapper ?

Utopiste ? Cette pensée affleure l’esprit du spectateur. Il est vrai que l’on se pose la question au gré des épisodes et on s’amuse à se rêver également journaliste, dans l’instant présent poussé par l’adrénaline dopé à l’éthique. Si la première saison évoque les atermoiements de la politique américaine, la deuxième traite du Printemps arabe, et les analyses livrées sur la manipulation médiatique sont très intéressantes…

La question que nous invite à nous poser la série est notre rapport ou plutôt notre addiction à l’info. Ce flux d’informations incessant qui nous amène très souvent à la consommation sans le recul nécessaire pour comprendre et mieux cerner les enjeux.

Au-delà de la fiction inspirée de faits réels, Newsroom nous met face à nos erreurs d’appréciation et nos errements de « drogués de l’info ». Ajoutez-y une vision humaniste et vous approcherez du, presque, « nirvana sériphilique ».

F.B.

 

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