Les entraîneurs du pays ne savent plus où donner de la tête. Au lieu de se consacrer en bonne logique exclusivement à leur domaine de prédilection, à savoir le volet technique qui représente déjà en soi un interminable chantier, les voilà sollicités à d’autres fins, dans d’autres œuvres qui échappent complètement à leur champ de compétence. C’est la «dernière» !
Comme si leur exercice précaire ne tenant le plus souvent qu’à un fil, soit à un ballon s’écrasant sur le poteau ou à un penalty raté, ou encore comme si les mille et une humiliations et vexations qui font leur triste quotidien ne suffisaient pas, on s’évertue désormais à faire d’eux un «fusible» duquel on exige d’éteindre par-ci par-là les foyers d’incendie. De s’ériger en une sorte de force tampon entre belligérants. Dans son moment de solitude, le technicien n’a pas d’alternative : soit accepter la nouvelle règle du jeu, c’est-à-dire parer au vide laissé par les dirigeants qui ont tendance à échapper de plus en plus à leurs devoirs, soit s’en aller sans demander son dû.
Le dernier exemple en date vient de l’Avenir Sportif de Soliman où le «départ» du président Walid Jellad, en butte à des démêlés judiciaires, a créé un grand vide semblable du reste à celui laissé par un autre président, celui de l’Avenir Sportif de Rejiche, Mohamed Ali Laroui. Ainsi, le nouvel entraîneur, Ferid Ben Belgacem, s’est-il subitement retrouvé face à la vindicte des supporters qui avaient visiblement un compte à régler avec leurs joueurs. Durant tout le match disputé à domicile contre le CA Bizertin, comme si la guerre était déclarée, les insultes et injures n’ont pas cessé de pleuvoir : «Toi fils de… qui as vendu tel match, et toi qui as baissé les bras contre le ST… « Au moins sept joueurs du club cap-bonais avaient la tête ailleurs, occupés du bord de touche à en découdre avec leurs propres supporters.
Fuite en avant
Et les dirigeants dans tout cela ? Ils avaient le devoir d’intervenir afin de faire baisser la tension. Rien de tout cela, ce qui explique en partie que l’ASS en soit à son sixième entraîneur de la saison, suite à la démission-éclair de Ben Belgacem, à peine cinq jours après son arrivée. D’ailleurs, dans de telles circonstances, après leur sortie face au CAB, les joueurs ont refusé de s’entraîner.
«Je suis venu à Soliman pour travailler, pas pour séparer des belligérants et éviter des bagarres entre joueurs et fans», assure le coach démissionnaire.
Au-delà de celle financière, la déchéance du foot national continue au registre moral et éthique. La violence bat son plein, notamment dans les divisions inférieures, et la crainte d’un drame sportif est réelle d’autant plus que, des instances aux clubs, c’est partout la fuite en avant.
Sinon, comment qualifier le cafouillage des instances dans l’affaire Jelma-El Hamma, ou encore dans les tenants et aboutissants du scabreux dossier de la licence d’Ali Kalaï à l’US Tataouine, un litige relevant désormais du domaine des juridictions civiles
Des imposteurs s’érigent en donneurs de leçons. En parallèle, devenu la risée des puristes, notre sport-roi coule.
T.G.