Par: M.L.Bensalah
Un panthéon est un monument colossal destiné à recevoir les restes des hommes qui se sont illustrés dans un domaine ou un autre et demeurent dans la mémoire individuelle et collective.
Si on en avait en Tunisie, Béji Caid Essebsi irait s’y reposer éternellement dès samedi 27 juillet – et de plein droit – car c’est un homme illustre. Nous avons autre chose : « le jardin des leaders » ( روضة الزعماء) et « le cimetière ou le carré des martyrs ». Nous avons les mausolées dédiés tels celui de Monsef Bey au cimetière du Jellaz, de Farhat Hached à la Kasbah et de Bourguiba à Monastir. Il y a les ( (تربةcomme celle des beys se trouvant en plein cœur de la Médina de Tunis. Des (تربة) existent aussi au Jellaz même mais entendez par « تربة » ce tout petit lot que se procure une famille pour y inhumer les siens chaque fois que l’un d’eux meure, toutefois, il n’a rien de particulier à part une petite clôture qui protège les tombes.
C’est certainement Béji Caid Essebsi en personne qui l’aurait décidé : son corps sera inhumé dans la تربةdes Essebsi sise au cimetière d’El Jellaz, tout près de l’imposante Zaouia de Sidi Belhassen Chedli .
C’est certainement aussi la volonté de Si Béji qui se vantait d’être un fidèle de Sidi Belhassen et un adepte de sa « tariqua ».
La famille et les officiels ont bien fait de respecter sa volonté, mais franchement dit, c’est peu pour Si Béji, trop peu même.
En passant en revue la vie et l’œuvre de l’homme, on aurait souhaité un meilleur traitement. Un mausolée dédié par exemple, sinon, pourquoi pas au « jardin des leaders » ( ( روضة الزعماءoù sont enterrées des personnes qu’il a lui-même connues, fréquentées et aimées. Bahi Ladgham, Mongi Slim, Taieb Mhiri, Ahmed Tlili, Salah Ben Youssef entre autres ou encore Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et Ahmed Brahim.
Quand on sait que Habib Bourguiba est enterré à Monastir, Farhat Hached à la Kasba, Hédi Chaker à Sfax, on est en mesure de dire que l’on fait peu pour nos leaders, pour les immortaliser. Ce ne sont pas des dieux certes mais des illustres qu’il aurait mieux valu réunir dans ce « Panthéon de Tunisie ».
En attendant, « le jardin des leaders » mérite un meilleur traitement, un entretien permanent tout d’abord, une clôture par exemple, des fleurs, pourquoi pas, car il n’a de (روضة ) que le nom !
Paix à ton Ame Bajbouj.
M.L.Bensalah