Si seulement Hichem Mechichi et les ministres controversés se respectaient

La guerre institutionnelle qui oppose les trois sphères du pouvoir – Carthage, la Kasbah et le Bardo – bat son plein. Elle a déjà éclaté depuis 2019, mais elle a pris de nouvelles ampleurs depuis le dernier remaniement ministériel controversé opéré par le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi. Certains ministres proposés sont, en effet, soupçonnés de corruption et de conflits d’intérêts. Chose que le président de la République, Kaïs Saïed, rejette catégoriquement. Il refuse, en effet, de recevoir ces ministres pour la prestation de serment.
On vous épargne les innombrables déclarations faites par-ci et par-là, les unes condamnant le président – Ennahdha et ses alliés -, d’autres condamnant le Cheikh et ses proches. Personne ne peut dire qui a tort ou qui a raison à cause de l’absence d’une Cour Constitutionnelle et de l’ambiguïté de la « meilleure Constitution du monde ».
Kaïs Saïed a ses raisons de camper sur ses positions. Des sources très proches du président de la République nous ont expliqués qu’il était hors de question de céder à la corruption. « Si on cède maintenant, on cèdera plus tard. Le président vient d’un milieu universitaire, loin des magouilles. En devenant président, il a atterri dans un milieu pourri par la corruption. Il refuse de s’inscrire dans cette optique », nous ont-elles expliqués.

Le goût du pouvoir…

Quelle est donc la solution ? Elle est entre les mains de Hichem Mechichi et de ses nouveaux ministres. En cédant au Coussin Politique et en se révoltant contre le président de la République qui l’a désigné, Hichem Mechichi a fait exactement comme Youssef Chahed à l’égard de Feu Béji Caïd Essebsi : il a mordu à la main qui l’a nourri.
Pour débloquer la situation, il peut ordonner à ses nouveaux ministres de se retirer et d’en désigner de nouveaux. Ou alors, Hichem Mechichi, comme l’a souligné le constitutionnaliste Jawher Ben Mbarek, peut se retirer. Si le Chef du gouvernement se respectait, si les ministres controversés se respectaient, ils aurait sûrement agi dans ce sens. Cependant, la pression du Coussin Politique est forte, beaucoup trop forte, d’autant plus que Hichem Mechichi semble avoir pris un certain goût au pouvoir. On le comprend. Il s’agit, après tout, de la volonté de puissance nietzschéenne que nous éprouvons tous.
Il s’agit, en quelque sorte, d’une guerre entre un système bien enraciné dans la corruption – Ennahdha et ses alliés – et un président qui veut y mettre un terme. Il ne s’agit pas de soutenir Kaïs Saïed. Loin de là. A plusieurs reprises, nous avons critiqué le président pour ses énormes bourdes, notamment sur le plan diplomatique et communicationnel. Seulement, la corruption est un fléau qu’il faut combattre. C’est ce fléau qui brise les rêves des Tunisiens et qui les réduit à la misère et au silence d’une démocratie conçue sur-mesure aux besoins d’Ennahdha.

Fakhri Khlissa

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