SIDA : des associations tirent la sonnette d’alarme

De gauche à droite : Jimmy, séropositif combattant la maladie depuis 25 ans. Wahid Frechichi, président de l’ADLI, et Souhaila Ben Saïd, présidente de l’ATP+

En Tunisie, on compte plus de 1700 séropositifs, selon les derniers chiffres fournis par les autorités officielles. Chaque années, 120 nouvelles contaminations recensées, de quoi pousser nombre d’associations à tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention de l’État. Chose qui a été faite mercredi 27 décembre 2017, lors d’une rencontre avec la presse conjointement organisée par l’Association Tunisienne de Prévention Positive (ATP+) et l’Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles (ADLI), au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT).
L’objectif était également de mettre en lumière les différentes formes de discriminations subies par les personnes malades, que ce soit au niveau de la prise en charge médicale, de l’encadrement social, de l’accompagnement psychologique et même au niveau du cadre juridique.

Un cadre juridique inadapté et un État qui manque de volonté
Premier constat livré par Wahid Frechichi, président de l’ADLI : seuls 29% des séropositifs en Tunisie suivent un traitement. Un chiffre qualifié d’alarmant par le président, qui souligne que les personnes non prises en charge constituent un facteur de contamination. « La courbe de contamination a globalement baissé dans la région MENA, alors qu’en Tunisie, elle n’a fait qu’augmenter », a-t-il noté.
Il déplore, par la suite, l’absence d’un cadre juridique clair et adapté aux besoins des séropositifs. « La loi de 1992, relative aux maladies transmissibles, est d’ordre sécuritaire. Le SIDA y est considéré comme une menace. Les malades, de ce fait, sont traités sous un angle sécuritaire et non humain », a-t-il expliqué.
Plus encore : une circulaire ministérielle, publiée par le ministère de la Santé et celui des Affaires Sociales en 2001, réduit l’accès aux établissements hospitaliers publics pour les séropositifs. Depuis cette date, selon Wahid Frechichi, ils ne peuvent accéder qu’aux établissements hospitalo-universitaires.
Un point également soulevé par Souhaila Ben Saïd, présidente de l’ATP, qui parle d’une stigmatisation des populations atteintes par le VIH. « Les décideurs politiques ne prennent pas le sujet au sérieux. Sur le plan social, la situation est catastrophique. À titre d’exemple, les séropositifs habitants su Nord sont obligés d’aller vers les centres de prise en charge situés vers le Sud, comme à Sfax », a-t-elle déploré.
L’absence d’une quelconque réaction notable de la part de l’État constitue, selon les intervenants, le principal obstacle pour la mise en place d’un cadre de vie adéquat pour les séropositifs. « Nous appelons à l’annulation de la circulaire de 2001. Il est également important de généraliser les soins et l’accès aux soins gratuits dans tous les établissements de santé. Enfin, nous appelons à ce que le SIDA soit considéré comme une maladie chronique, ce qui permettra une meilleure prise en charge par la Caisse Nationale d’allocations maladie (CNAM) », a encore déclaré Wahid Frechichi.

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