Il va sans dire, que la conférence internationale sur l’investissement a, quand même, ouvert une fenêtre d’espérance et de rêve pour un avenir meilleur. Les engagements et les promesses annoncés ont marqué une rupture dans le quotidien des Tunisiens, ponctué de surenchères et de polémiques stériles, de débat public pauvre et décalé et de tensions sociales permanentes. Toutes les déclarations d’intention ont permis de révéler un potentiel non négligeable dont dispose la Tunisie qui apparaît pour la circonstance non isolée dans son environnement et qu’elle reste créditée d’un préjugé favorable de la part de ses partenaires et des institutions financières internationales prompts à l’accompagner et à le soutenir pour retrouver les chemins de la croissance et du développement. Aujourd’hui, toute la question consiste à savoir entretenir ce rêve, prendre conscience que la seule piste de sortie de crise, est celle de l’effort, du labeur, du partage du sacrifice et du compromis.
Malheureusement, ce beau rêve n’a pas beaucoup duré. On s’est brutalement réveillé, le lendemain de la conférence, avec une gueule de bois, sur le son des menaces, des pressions, des divisions, des manifestations de colère des robes noires, des pharmaciens, des médecins et des enseignants qui nous promettent tous des journées bien sombres et des grèves à tout va, jusqu’à ce que le gouvernement se plie à leurs exigences. Tous s’agrippent à des situations de rente et à des privilèges qui vont à l’encontre des principes de l’équité et de la citoyenneté et certains syndicats s’obstinent à défier l’Etat et à faire étalage de leur force en essayant, vaille que vaille, d’imposer leur diktat, tournant le dos à tout dialogue serein et responsable.
Alors que le pays peine à sortir la tête de l’eau et fait face à une grave crise de finances publiques, voilà que l’UGTT décrète la grève générale dans la fonction publique refusant énergiquement toute solution de compromis qui permettrait de sauver la paix sociale et éviterait de nouveaux débordements qui détruiraient tout ce que l’on essaye de construire et de rebâtir. A l’évidence, le rejet systématique de toute solution étonne et indispose de plus en plus, puisqu’il ne fait qu’éloigner l’UGTT des véritables fondements de l’action syndicale qui reposent sur le dialogue, le compromis et la recherche de solutions qui prennent en considération les intérêts du pays et ceux des travailleurs.
Que dire enfin du syndicat de l’enseignement secondaire dont le secrétaire général promet de poursuivre la guerre qu’il a déclenchée pour l’éviction du ministre de l’Education nationale, coupable d’avoir initié un processus participatif de réformes qui ne dérange que ceux qui sont incapables de lui donner un contenu effectif.