Signes d’espoir malgré tout

Après plus de six ans durant lesquels l’image de la Tunisie a été gravement écornée par la détérioration  de l’environnement des affaires,  les  mouvements sociaux continus et les attentats terroristes tragiques, la fin de l’année en cours sera-t-elle l’amorce d’un nouveau départ et de la restauration de la confiance des investisseurs et des opérateurs dans le site tunisien ? La conférence internationale sur l’investissement qu’a abritée notre pays, le premier sommet Union européenne-Tunisie tenu à Bruxelles et la visite entreprise en début de cette semaine par les trois premiers ministres du Benelux annoncent un  début de changement et marquent l’intérêt qu’accordent les partenaires de notre pays pour la réussite de son expérience démocratique inédite dans la région et leur disposition à l’accompagner dans sa transition économique. Face à la gravité de la situation sécuritaire, économique et sociale, la Tunisie demande un accompagnement exceptionnel de la part de ses partenaires et des institutions financières internationales  qui va au-delà du cadre traditionnel.  Peut-on dire que son appel a été entendu ?  Affirmer cela, serait aller un peu trop vite en besogne, puisque malgré toutes les déclarations d’intention, les promesses et les bonnes paroles, le pays attend toujours un soutien qui pourrait être  à la mesure des défis auxquels il est en train de faire face, notamment en matière de création de richesses, d’impulsion de l’investissement, du renforcement du développement des régions intérieures et de la  restauration de l’espoir chez les jeunes en quête d’une inclusion sociale. En effet, au regard de l’urgence des actions à entreprendre, des réformes à introduire et des pressions que subit le pays, la communication conjointe de l’Union européenne du 29 septembre dernier  qui réaffirme l’engagement de l’UE en faveur de la transition démocratique en Tunisie, semble nécessiter encore beaucoup de temps pour lui conférer l’effectivité requise et les conditions posées,  parfois sévères, au  pays, risquent  dans la situation où il est de ne pouvoir les satisfaire facilement. On est encore loin d’un engagement massif en faveur de la Tunisie qui prendrait la forme d’un plan Marshall qui éviterait au pays bien de tourments et bien des périls.
Il va sans dire, que la conférence internationale sur l’investissement a,  quand même, ouvert  une fenêtre d’espérance et de rêve pour un avenir meilleur. Les engagements et les promesses annoncés ont marqué une rupture dans le quotidien des Tunisiens,  ponctué de surenchères et de polémiques stériles, de débat public pauvre et décalé et de tensions  sociales permanentes. Toutes les déclarations d’intention ont permis de révéler un potentiel non négligeable dont dispose la Tunisie qui apparaît pour la circonstance non   isolée dans son environnement et qu’elle reste  créditée d’un préjugé favorable de la part de ses partenaires et des institutions financières internationales prompts à l’accompagner et à le soutenir pour retrouver les chemins de la croissance et du développement. Aujourd’hui, toute la question consiste à savoir entretenir ce rêve, prendre conscience que la seule piste de sortie de crise, est celle de l’effort, du labeur, du partage du sacrifice et du compromis.
Malheureusement, ce beau rêve n’a pas beaucoup duré. On s’est brutalement réveillé, le lendemain de la conférence, avec une gueule de bois, sur le son des menaces, des pressions, des divisions,  des manifestations de colère des robes noires, des pharmaciens,  des médecins et des enseignants qui nous promettent tous des journées bien sombres  et des grèves à tout va, jusqu’à ce que le gouvernement se plie à leurs exigences. Tous s’agrippent à des situations de rente et à des privilèges qui vont à l’encontre des principes de l’équité et de la citoyenneté et  certains syndicats s’obstinent à défier l’Etat et à faire étalage de leur force en essayant, vaille que vaille, d’imposer  leur  diktat, tournant le dos à tout dialogue serein et responsable.
Alors que le pays peine à sortir la tête de l’eau et fait face à une grave crise de finances publiques, voilà que l’UGTT décrète la grève générale dans la fonction publique refusant énergiquement toute solution de compromis qui permettrait de sauver la paix sociale et éviterait de nouveaux débordements qui détruiraient tout ce que l’on essaye de construire et de rebâtir. A l’évidence,  le rejet systématique de toute solution étonne et indispose de plus en plus, puisqu’il  ne fait qu’éloigner l’UGTT des véritables fondements de l’action syndicale qui reposent sur le dialogue, le compromis et la recherche de solutions qui prennent en considération les intérêts du pays et ceux des travailleurs.
Que dire enfin du syndicat de l’enseignement secondaire dont le secrétaire général promet de poursuivre la guerre qu’il a déclenchée pour l’éviction du ministre de l’Education nationale, coupable d’avoir initié un processus participatif de réformes qui ne dérange que ceux qui sont incapables de lui donner un contenu effectif.

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