Sijoumi : A la rencontre d’une génération oubliée

Avant même de prendre la route pour ce quartier, les conseils et recommandations ont fusé. « évite d’y aller seule », « ne prends pas ta voiture ». Son nom seul effraie plus d’un, pour beaucoup, c’est le quartier des cambriolages, des braquages, de la drogue, le quartier de tous les dangers. Ce quartier a aussi un autre visage, ce visage nous l’avons découvert samedi lors d’une action écologique organisée dans toute la république.
Une citoyenneté à conquérir …
Une association présente autour du lac de Sijoumi pour ramasser les déchets a réuni des enfants en créant une ambiance conviviale pour les impliquer, les responsabiliser et les sensibiliser à des questions environnementales.
Chaque quart d’heure, on pouvait voir d’autres jeunes se joindre au mouvement. Une casquette, un tee-shirt et une bouteille d’eau suffisaient largement à les motiver. Ils ont ramassé une centaine de grands sacs de poubelle de déchets.
C’était simplement fabuleux de voir ses jeunes enfants et adolescents réunis un samedi après midi dans le seul but de nettoyer les déchets et admirer les flamands roses du lac.
« Oui, bien sûr, on veut que notre quartier soit beau. Le problème ici, c’est qu’on s’ennuie et on n’a pas où aller, on a même pas d’espaces pour jouer au foot. C’est pour ça qu’avec nos amis, on se retrouve dans la rue, on joue dans la rue. » nous confie un jeune homme du haut de ses quatorze ans.
Sans accompagnement, sans activités, sans actions de sensibilisation, sans rêves, sans avenir, sans perspectives, que voulez vous que ces futurs adultes deviennent ?

La lutte contre le terrorisme n’est pas une question d’armes
« Il est vrai que des enfants issus d’un milieu et quartier défavorisé, vivant dans des conditions précaires, n’ayant aucune activité pour occuper leur temps libre seront plus exposés à toutes sortes de danger, cela est bien connu. Les esprits malveillants savent que ces jeunes, surtout pendant l’adolescence, sont des proies faciles. » explique un sociologue.
Le moyen de lutter contre le terrorisme est d’impliquer ces jeunes dans des activités citoyennes. Penser à eux, leur proposer des activités. Ces jeunes que l’on a recrutés pour aller en Syrie ne sont pas nés terroristes, pas nés extrémistes mais ils étaient une parfaite cible. Ces jeunes ont simplement besoin qu’on s’intéresse à eux et qu’on leur propose d’autres alternatives que de rester dans la rue, exposés à toutes sortes de danger.
« La société civile joue une rôle très important très important pour ce qui est de la lutte contre le banditisme, le terrorisme, la drogue qu’on associe souvent à ces quartiers. » commente un jeune militant.

Du sport pour redorer le blason de Sijoumi
De nombreuses études et recherches dans le monde entier ont démontré que le sport est un facteur d’équilibre de la santé mentale. Il diminue l’anxiété, évacue le stress et permet de chasser les idées noires. Il entraine une prévention du niveau de la dépression.
Des bienfaits que l’association Kolna Sport connaît bien. Son président, un professeur de sport a eu l’idée ingénieuse de proposer aux enfants et jeunes issus de quartiers défavorisés notamment le quartier Mellassine des cours de sport à titre gracieux. Il suffit simplement de ramener un extrait de naissance et un certificat médical pour pouvoir s’inscrire à ses cours.
Des yeux qui brillent, un regard ambitieux, l’envie de réussir … c’est ce que nous retiendrons de la rencontre avec ces enfants qui sont un projet de futurs adultes responsables, il ne tient qu’à nous, désormais, de construire l’avenir de notre pays.

Related posts

Rencontre avec le metteur en scène Moez Gdiri :  « L’adaptation du théâtre européen nous a éloignés de notre réalité tunisienne »

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie

Monastir : un adolescent de 15 ans meurt noyé dans un bassin d’eau