Pour se rendre compte de l’état des lieux dans la région, il faut se déplacer dans les différents sites miniers du bassin de Gafsa. Il y a lieu alors de se rendre à une certaine évidence : un environnement naturel tout à fait détérioré avec des plaies béantes et non refermées. Partout, des monticules de pierres, argiles et autres déchets rejetés par les laveries pour dégager le phosphate marchand ou encore des amoncellements de gravats qui ont permis d’extraire le phosphate dans les carrières et les mines.
Tout cela est abandonné par la CPG en l’état, ni reboisement, ni aménagement. Il faut dire que le climat de la région ne se prête pas à l’aménagement d’espaces verts ni à la création de forêts, ce qui fait que le paysage naturel est fait de collines décharnées. Les poussières de phosphate infestent constamment l’air que l’on respire, se déposent sur le linge qu’on étend au soleil, entrent dans les bureaux et les logements par les fissures,… On ne peut pas dire que c’est la qualité de la vie qui règne dans le bassin minier.
Il faut dire également que les infrastructures urbaines sont défaillantes, que les services socio-collectifs sont souvent insuffisants et de qualité médiocre, qu’il y a peu de loisirs à caractère culturel.
Il n’y a pas de quoi attirer les investisseurs, ni les cadres supérieurs pour s’installer dans la région, Même le cheptel et les plantes souffrent terriblement de cette nature ingrate exacerbée par la sécheresse même si le phosphate est un trésor aux multiples ressources.
Les usines de lavage de phosphate sont gourmandes en consommation d’eau : pas moins de 18 millions de m3 par an aux dépens de l’irrigation.
Les eaux usées des usines sont rejetées dans les lits d’oueds et polluent la nappe phréatique, ce qui provoque des dégâts catastrophiques aux activités agricoles.
Le dépôt des poussières de phosphate sur les parcours extensifs destinés au cheptel ovin ont contaminé les herbes sauvages ce qui prive l’élevage d’une alimentation gratuite.
Reprise du travail
Jeudi soir 22 janvier, les négociations entre les syndicats UGTT des salariés de la CPG et le ministre de l’Industrie et de l’énergie, tutelle de la compagnie ont abouti à un accord fragile : la décision de reprise immédiate du travail sur tous les sites de production. En effet, la CPG a promis de servir une prime de production exceptionnelle de 500D par salarié, (50% des 1000 D réclamés), relative aux exercices 2012 et 2013, ainsi qu’une avance sur celle de 2014 ce 28 janvier 2015. Pour la filiale transport, la grève continue depuis un mois.
Une responsabilité partagée
Il faut reconnaître que toutes les parties concernées ont leur part de responsabilité dans cette crise.
Les autorités régionales, les responsables syndicaux et ceux de la CPG ainsi que le ministère de tutelle.
Absence de dialogue approfondi et de négociations à un niveau élevé, intransigeance des responsables syndicaux, manque de courage politique de la part des différents gouvernements pour la prise de décisions courageuses et fermes, manipulations de la rue par des tendances politiques masquées ont interféré dans ce conflit pour le faire éterniser et brouiller encore plus les cartes.