Situation économique: Mettre fin à l’opacité, sauver 2015

Si la transition politique est estimée relativement réussie, l’économie tunisienne semble se diriger vers une impasse, ce qui pourrait, à terme,  remettre en cause tous les acquis. Le gouvernement actuel évolue au gré des circonstances, sans vision, réglant des contradictions, contournant les contraintes à coups de dépenses budgétaires. Il  ne semble ou ne peut appréhender l’anémie qui caractérise le système productif et donc le déclin économique qui en résulte.D’où une situation économique caractérisée par un flou alarmant, voire une opacité.

Certes, le gouvernement prépare une note d’orientation et un plan quinquennal mais cela s’avère insuffisant dans la mesure où nous ne sommes pas dans une situation normale. Nous avons en effet besoin d’un plan d’urgence pour sauver l’année en cours et l’année 2016. Un tel plan d’urgence doit formuler des actions suffisamment fortes pour relancer le pays qui se trouve aujourd’hui tout près de l’asphyxie. Comme le disait Mahathir Mohamad « Si vous voulez être un bon leader, vous devez avoir des idées. Sinon, vous êtes simplement un suiveur. »

Le ministre du Développement et de la Coopération internationale,  censé tirer la sonnette d’alarme n’appréhende pas la situation par le prisme économique,  et les experts-universitaires qui l’entourent, semblent découvrir ce que sont une note d’orientation et un plan de développement. Le chef du gouvernement doit en urgence faire appel à des personnes possédant la vision macroéconomique pour l’aider à appréhender structurellement et conjoncturellement la situation avant qu’elle ne devienne catastrophique et atteindre le point de non-retour. Car, aujourd’hui, où nous parvenons à rompre définitivement avec un modèle de société dans laquelle chacun cherche à préserver ses privilèges,ou nous entrons dans une phase d’appauvrissement absolu, processus infernal qui risque de durer des années.

Pessimisme et découragement

A la source du problème tunisien, il y a un problème de confiance. Lorsqu’on se trouve au chômage depuis des années se met sournoisement en place une sorte de rejet de soi, de pessimisme, de découragement, ce qui résulte un déstabilisant mécontentement général. Aujourd’hui, il faut innover en matière de communication politique et véhiculer un discours de confiance en montrant que l’on peut faire en sorte que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Un tel discours doit être mené par des personnalités neutres et non politiques,  car les politiques, conseillers, journalistes et experts sont malheureusement perçus en Tunisie comme faisant partie d’une élite qui ment.

La priorité doit être donnée aux secteurs productifs et surtout aux secteurs sinistrés qui nécessitent une perfusion urgente. Parce qu’avant de parler redistribution, il faut créer de la richesse. Il est illusoire d’imaginer pouvoir conserver des salaires avec une activité en recul. Le défi est de venir au secours des secteurs sinistrés tout en s’assurant que cette priorité ne serve de prétexte pour procéder principalement par de l’assistance. Dans l’immédiat, nul besoin d’être expert pour reconnaître que les principaux secteurs sinistrés sont : le tourisme, le phosphate, l’agriculture et la situation des entreprises publiques. Oublions donc les cinq priorités de chaque ministère, un non-sens économique, et produisons un effort pour secourir ces secteurs avec un plan de redressement clair et précis. Pour cela, il faut fixer des objectifs réalistes pour chaque secteur et mobiliser des moyens, si nécessaires non conventionnels, pour les atteindre.

Le tourisme, l’agriculture et les transferts des tunisiens à l’étranger ont toujours constitué des sources de secours qui mettent l’économie tunisienne à l’abri des secousses dans les conjonctures défavorables. Leurs performances sont en grande partie entre nos mains..

A l’évidence, le destin de la Tunisie se jouera dans les prochains mois sur la capacité de gérer cette crise et de conduire le pays dans une dynamique positive. Une chose est sûre,  notre pays est confronté à des changements majeurs et ne peut se permettre de se perdre dans d’infructueux débats. Il faut une transformation radicale de la manière avec laquelle l’activité économique est menée dans notre pays.

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