Situation en Libye : La division en maître-mot

Alors que le Général retraité Khalifa Hafter mène bataille essentiellement sur le front Est de la Libye, des forces occidentales constituées par les casques français, américains et algériens s’activeraient au sud. Au même temps, le premier ministre Abdallah Al Theni tarde à  passer le pouvoir à Ahmed Miitig, élu par une partie du Conseil national de transition, sorte de parlement provisoire de plus en plus contesté. La Libye, à quelque trois semaines des échéances prévues pour le 25 juin apparaît comme un vaste champ de violences mais aussi de dissidences : deux gouvernements, un Conseil provisoire et une armée divisés, des groupes armés jusqu’aux dents, un pays géographiquement, politiquement et ethniquement divisé et un État presque inexistant.

La situation est encore plus compliquée puisque la justice devrait statuer sur la légitimité de l’élection du premier ministre Ahmed Miitig ; ce qui pourrait alimenter les dissidences entre les pros nouveau premier ministre et les personnes s’opposant à son élection. Le président du Parlement, Nouri Abou Sehmain, d’obédience islamiste, appelle le premier ministre actuel à céder le pouvoir sans attendre la décision juridique tandis que son vice-président Ezzidine Al-Awam lui demande de continuer à exercer ses fonctions. Dans un pays gouverné par les tribus et les groupes armés, une légitimité contestée des 2 chefs de gouvernement et un désaccord entre les deux sommets d’une même institution telle que le parlement provisoire, ne font qu’empirer les choses.  Abdallah Al Theni souligne néanmoins que son gouvernement respectera la décision de la justice une fois rendue. Chacun des deux premiers ministres, a réuni de son côté son conseil de ministres dans le courant de la semaine dernière.

D’ici là, et alors que la situation politique tarde à s’éclaircir, les forces du général Hafter mènent leurs raids aériens contre les fondamentalistes à Benghazi, à l’Est de la Libye. Al Qaïda du Maghreb Arabe, AQMI, appelle de son côté à la guerre sainte contre le Général l’appelant « ennemi de l’Islam, symbole de la traîtrise et de l’apostasie ». Ils l’accusent d’exécuter un plan occidental « des croisés » en Libye. L’intervention présumée des forces occidentales, américaine et française, ont alimenté la campagne lancée par les fondamentalistes à l’encontre de Khalifa Haftar. Seulement, des milliers de libyens ont choisi de soutenir ce dernier, excédés par les violences perpétuées par les groupes extrémistes dans leur pays. Les pays avoisinant la Libye, Algérie, Tunisie et Égypte, restent par ailleurs menacés si aucun pouvoir libyen ne venait à bout du danger terroriste et ce fut le cas durant les trois dernières années. Les gouvernements successifs s’étaient montrés incapables d’instaurer la sécurité et de reprendre le pouvoir et sur les puits de pétrole assiégés et sur les villes que des tribus ou des fondamentalistes armés avaient conquises. Tous les ingrédients d’une guerre civile ou une partition du territoire, à l’image du Soudan, sont ainsi réunis.

Les voisins entre diplomatie et menaces

La Tunisie vient de reporter une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays maghrébins pour manque de visibilité engendrée par la crise en Libye. En effet, malgré les menaces que constituent les terroristes en Libye, venus du Mali, ou d’ailleurs, et la nécessité de les éradiquer, il est imprudent de se prononcer sur quel premier ministre soutenir ou de déclarer son acceptation ou pas de l’intervention de Khalifa Haftar.

Le Général Haftar s’est, quant à lui, déclaré favorable à toute frappe de la part de l’armé égyptienne pour sécuriser ses frontières même en frappant à l’intérieur de la Libye. Une déclaration lançant un appel subtil au pouvoir du nouveau président Sissi de soutenir son initiative « dignité de la Libye».

Ainsi va la Libye à l’heure du « règne » islamiste. Trouvera -t-elle les chemins du compromis entre ses enfants ? Connaitra -t-elle la stabilité et la sécurité pour elle et ses voisins ?

Hajer Ajroudi

Related posts

Disparition du Pape François : Hommages et Réactions en Tunisie et à l’International

Nouvelles dispositions sociales à la CPG : ce qui change pour les employés

L’État prend en charge l’écart du taux appliqué sur les prêts et financements d’investissement pour 10 entreprises