Situation financière des médias : Attention ! la presse écrite se meurt

La Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ) a organisé vendredi 28 février une Assemblée générale dans un hôtel de Tunis, afin d’étudier la situation financière des médias, la presse écrite sur support papier et la presse électronique. Des solutions ont été proposées pour essayer de sortir de l’impasse. Les directeurs de journaux ont été unanimes pour interpeller les pouvoirs publics et demander leur soutien pour éviter la catastrophe qui se profile dans un avenir proche.

 

Gravité de la situation

Depuis plusieurs mois, tous les journaux de la presse écrite, que ce soit la presse électronique ou celle du support papier, connaissent des difficultés financières de plus en plus graves.

Certains journaux ont déjà fait faillite et d’autres s’apprêtent à connaître le même sort.

Ces difficultés ont plusieurs origines d’après les nombreux responsables de journaux qui sont intervenus lors d’un débat très animé.

Les uns ont invoqué la flambée du prix du papier importé, qui est passé de 390 D la tonne en 1995 à 1300 D en 2013. D’autres ont avancé la lourdeur de la TVA ainsi que l’absence de répartition équitable de la publicité publique.

Plusieurs directeurs de journaux ont déploré l’annulation injustifiée des abonnements souscrits par les différents ministères, entreprises et banques publiques.

Il y a lieu également de mentionner la baisse sensible de la publicité privée qui découle des difficultés de la conjoncture économique qui sévit dans le pays.

Le cumul de toutes ces mesures et dispositions a engendré la dégradation de la situation financière des entreprises de presse menacées de disparition et qui demandent avec insistance des mesures urgentes de sauvetage.

 

Des mesures concrètes et urgentes s’imposent

À cette occasion, M. Taïeb Zahar, directeur de publication de Réalités et Président de la Fédération des directeurs de journaux nous a fait la déclaration suivante. «La grande majorité des institutions de la presse écrite sont entrées actuellement dans une phase critique de difficultés financières qui impliquent des solutions urgentes. Or, depuis trois ans il n’y a aucune volonté de la part des pouvoirs publics de promouvoir une presse indépendante de qualité, nécessaire pour réussir la période de transition démocratique.

Le gouvernement de la Troïka a tenté de vassaliser la presse, estimant qu’une bonne presse doit essentiellement soutenir le gouvernement en place, alors que les organismes de presse tiennent absolument à assumer leur rôle de 4e pouvoir.

C’est pourquoi la Troïka a mis en place une politique de mise en faillite de la presse écrite, y compris la presse publique, qui s’est traduite par l’annulation des abonnements de tous les ministères et entreprises publiques, y compris certaines banques publiques qui ont joué le jeu.

La Troïka a refusé de trouver un mécanisme de répartition équitable de la publicité publique malgré tous les efforts de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux.

Elle a également décidé de ne pas donner suite à la mise en place d’un fonds public de soutien à la presse, à l’instar de ce qui a été fait au Maroc, soit l’équivalent de 25 millions de dinars y compris la presse électronique. Sans parler de ce qui se passe en France où l’aide directe aux journaux en 2014 est de l’ordre de 700 millions d’euros qui bénéficie à des journaux, quelle que soit leur ligne éditoriale, comme “Le Monde” ou le Figaro qui ont reçu chacun 18 ME en 2014. C’est pourquoi la Fédération, dans le but d’attirer l’attention de l’opinion publique sur cette situation grave, a préparé un plan d’action pouvant aller jusqu’à une journée sans médias.

Selon la politique pratiquée par le gouvernement de la Troïka, seuls les médias financés par l’argent politique “ou l’argent sale” pourront continuer à prospérer et à paraître». C’est “la presse alternative” qu’ils ont essayé à mettre en place il faut dire sans succès en termes d’audience

M. Zahar a ajouté «aujourd’hui nous sommes dans une situation unique qui se traduit par la disparition d’un pan entier de notre presse. Or notre pays a plus que jamais besoin d’une presse indépendante pour assumer son rôle de contre-pouvoir. Nous espérons que ce combat aboutira à des mesures positives à prendre par le gouvernement de Mehdi Jomâa, l’histoire le jugera sur sa capacité à sauver la presse écrite. D’ailleurs il ne s’agit pas seulement d’un problème socioéconomique, la presse procure un emploi direct à 4000 salariés, ce serait également une catastrophe morale et politique.

Au niveau de la Fédération, nous pensons que seule une presse respectueuse de la déontologie, faisant son métier selon les normes de la profession, pourra bénéficier du soutien des pouvoirs publics. Nous ferons tout pour refuser qu’une “presse jaune” pratiquant le dénigrement soit incluse dans ce programme de soutien dont le financement sera établi de façon transparente

Ridha Lahmar   

 

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