Lors de la 27e édition du Forum international de Réalités qui s’est déroulée 29 et 30 mai 2025, Slim Khalbous, recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), a mis en avant un enjeu majeur et encore peu connu : la diplomatie scientifique. Face à des défis mondiaux de plus en plus complexes, ce concept prend une place stratégique pour rapprocher les sphères politique et scientifique.
Un pont essentiel entre décideurs et experts
S’exprimant au micro de Réalités Online, Slim Khalbous a expliqué que la diplomatie scientifique repose avant tout sur le dialogue entre les preneurs de décisions, hommes politiques et diplomates, et les savants, chercheurs et experts. « La diplomatie scientifique, c’est le rapprochement entre ceux qui décident et ceux qui savent », résume-t-il. Ce dialogue s’impose dans un contexte où le multilatéralisme traditionnel est en crise. Il faut donc développer de nouveaux canaux, permettant d’intégrer dans les politiques publiques une connaissance neutre et objective.
Les enjeux actuels ne connaissent plus de frontières : changement climatique, gestion de l’eau, flux migratoires, intelligence artificielle… autant de problématiques complexes qui exigent l’appui d’experts avant toute décision politique. « Trop souvent, les décideurs sont désarmés face à cette complexité et prennent des décisions par défaut », explique Slim Khalbous. La diplomatie scientifique leur propose d’inverser cette tendance en consultant systématiquement les experts afin d’optimiser l’efficacité et l’objectivité des décisions.
Une stratégie de « soft power » pour valoriser la Tunisie
Au-delà de son rôle de conseil, la diplomatie scientifique s’inscrit aussi dans une stratégie de puissance douce. Ce n’est pas une simple diplomatie formelle ou protocolaire, mais une démarche visant à renforcer la coopération scientifique internationale sur des intérêts partagés. Cela offre notamment une occasion unique à des pays comme la Tunisie de s’affirmer comme un partenaire reconnu et influent.
Dans ce cadre, l’AUF a élaboré un manifeste pour une diplomatie scientifique francophone, cosigné par 43 gouvernements, dont la Tunisie. Ce document, fruit de deux années de travail avec les ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche, pose les bases d’une coopération renouvelée entre chercheurs de l’espace francophone.
Une diplomatie multilingue et inclusive
S’agissant du rôle à jouer par l’AUF dans le renforcement de cette diplomatie scientifique en Tunisie, Slim Khalbous a rappellé que toutes les universités publiques tunisiennes, ainsi que plusieurs privées, sont membres de l’AUF, qui fédère aujourd’hui 1100 universités et centres de recherche répartis dans 120 pays. « Cela montre que cette diplomatie ne se limite pas à la francophonie, mais s’ouvre à une coopération scientifique multilingue, essentielle dans notre monde globalisé », insiste-t-il.
Cette approche inclusive et multilingue est, selon Slim Khalbous, la clé pour construire un dialogue scientifique international capable de relever les défis techniques et technologiques de demain, tout en valorisant le rôle et la place de la Tunisie dans la communauté scientifique mondiale.
Pour découvrir l’intégralité de l’interview de Slim Khalbous et approfondir le sujet de la diplomatie scientifique, regardez notre vidéo exclusive ci-dessous.