« Solwen » de Leila Toubel: Paradoxal mais authentique !  

 

Ils étaient venus, ils étaient tous là : politiciens, artistes, médias, hommes et femmes de culture… pour découvrir le dernier cru de Leila Toubel. Pas une place de vide. El Théatro était plein comme un œuf !

La femme de théâtre Leila Toubel réalise son rêve de monodrame tragi-burlesque « Selwen » ou « Olvido ».

 

Une amnésie temporaire frappe une femme de 40 ans suite à un choc émotionnel. Elle arrive en robe de mariée trainant un coffre rouge fermé sur des histoires qui ne sont sans doute pas les siennes. Dans un espace qu’elle ne reconnait pas elle ne se souvient pas de son prénom et demande même  au public de lui en trouver un.  Elle s’évadera par la suite dans un conte à la fois cruel et fabuleux. A cet instant précis, elle sort de sa robe blanche pour une nouvelle identité pour pénétrer dans une autre, drapée dans  une nouvelle robe rouge sang !

L’homme ou plutôt la femme est malmenée par les rebonds d’une réalité pas très tendre. Seule face à son destin, à sa vie et à sa mort, elle se définit par rapport à quoi ? à qui ? Une multitude de questionnements que nous poserons à nous-mêmes, à notre réalité politico-sociale.

Les dix premières minutes nous laissent perplexes et nous cherchions ce qu’il pourrait y avoir de captivant ou de drôle dans la vie de cette femme psychorigide. Soudain la situation  dérape dans l’imprévisible, dans l’absurde et l’original. Cela démarre fort par la suite. On est très vite pris par l’imagination, l’humour et la tristesse à la fois.

Prise dans un tourbillon, on a envie de dire de folie délirante mais  irrésistible, la mise en scène nous piège avec des moments de pure magie. Un style et un humour très contemporain et un monodrame qui sort des sentiers battus, il décoiffe et dépoussière efficacement le genre.

Leila Toubel nous a  embarqués dans son univers avec beaucoup de fraîcheur, de justesse délirante et incisive dans un rythme soutenu.

Hypnotique, elle nous a offert un moment de partage entre douceur, absurde et provocation,… Un jeu d’une haute sensibilité! Le rire dans la gêne et tout passe le doux comme le caustique ! La comédienne nous a menés par le bout du nez, et on ressort comme  hypnotisés, et bouleversés par ce bout de femme! …

La mise en scène sobre et efficace donne du ressort au spectacle avec tous les ingrédients qui le composent, ses quiproquos, ses délires qui caractérisent le seul personnage principal, portant la pièce à lui seul. Leila Toubel s’est donnée entièrement sans compter grâce à une mise en scène savamment orchestrée du début à la fin, subtile, sans temps mort, faisant la part belle aux détails.

le corps sensuel et fébrile de la comédienne a transmis des émotions troublantes et féroces, celles d’un printemps volé aux portes du rêve d’une femme, d’une mère patrie qui se voit dépossédée de ses étoiles. Un cri de cœur, insolent pour que vive la patrie haute en couleur comme toutes ses roses rouge vif en hommage aux différents martyrs. “Alors donnez-moi vos cœurs et vos mains, on va colorier de bleu le ciel et de rouge. Ce sera la dernière pétale que je vous offrirai. »;

Un spectacle émouvant drôle et touchant dans une bonne interaction avec le public. Une heure et demie de tragi-comédie pour un spectacle qui nous a secoués. Des larmes de rire et de pleurs ont caressé nos joues. Paradoxal mais authentique !

Nadia Ayadi

 

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