C’est l’inquiétude qui règne dans les milieux financiers internationaux. Et, pour cause, les nouvelles qui proviennent des grandes banques ne sont pas bonnes. L’anxiété et l’appréhension sont à leurs combles après la publication des résultats financiers des grandes banques internationales. La crise profonde que connaît la plus grande des banques allemandes, la Deutsche Bank, est significative des turbulences que connaissent les banques internationales les plus importantes. La Deutsche Bank, la plus grande banque allemande disposant d’un bilan qui avoisine le PIB d’un pays comme l’Italie et de 10% du PIB de la zone euro, passe aujourd’hui par de graves difficultés qui peuvent la conduire au dépôt de bilan avec ce que cela peut déclencher comme risque systémique dans l’économie globale et un retour de cette même économie au bord du précipice. Et, comme si ces difficultés internes liées à des années de gestion chaotique ne suffisaient pas, la Deutsche Bank pourrait connaître une aggravation de sa situation financière avec l’application d’une amende record de la part des autorités américaines, estimée à près de 14 milliards de dollars pour sa responsabilité dans la crise des subprimes aux Etats-Unis. Et, en dépit des assurances accordées par les responsables de la banque allemande sur sa capacité à faire face à ses engagements, le doute persiste et les inquiétudes ne cessent de grandir, se traduisant par une importante dégringolade de ses cours en bourse.
Les difficultés et les atermoiements ne se limitent pas à la Deutsche Bank mais touchent un grand nombre d’acteurs bancaires en Europe. En effet, beaucoup d’experts et des études récentes estiment que les banques italiennes connaissent également d’importantes difficultés et exigent un programme de recapitalisation qui varie entre 80 et 100 milliards d’euros. Les banques, dans d’autres pays européens dont le Portugal et la Suisse, connaissent également d’importantes difficultés depuis l’éclatement de la grande crise financière internationale des années 2008/09. Cette crise ne se limite pas au vieux continent mais les banques américaines sont aussi au centre de ces turbulences et traversent une période de grands doutes.
L’un des indices de cette crise des grandes banques internationales concerne la détérioration de leurs résultats depuis la crise financière. Ainsi, la profitabilité des activités d’investissement a nettement baissé en passant de 20% en 2006 à 5% en moyenne annuelle dans la période allant de 2008 à 2014. Par ailleurs, d’autres critères sont significatifs de la détérioration de la situation financière avec la montée des crédits accrochés ou NPL, la stagnation des prêts accordés par les banques et la réalisation d’indicateurs de rentabilité beaucoup plus fiables.
Plusieurs raisons expliquent ce recul des résultats bancaires et la crise d’une partie des banques internationales. La première raison souvent évoquée est celle de l’impact de la crise économique globale et l’incapacité de la croissance globale de retrouver sa dynamique antérieure à la crise. Ainsi, l’investissement éprouve les plus grandes difficultés et tarde à retrouver son rythme de croisière, ce qui se traduit par un faible recours aux banques et entraîne une réduction sensible de leurs volumes d’activités et des prêts accordés à l’économie.
Un autre facteur qui explique les faibles résultats des banques est lié aux politiques monétaires suivies par les banques centrales depuis l’éclatement de la crise financière des années 2008/09. En effet, la plupart des banques centrales ont suivi des politiques monétaires expansionnistes afin de favoriser une relance de la croissance et éviter ainsi une déflation dont le spectre hantait les grandes économies développées. Ces politiques se sont traduites par une baisse sensible des taux d’intérêt qui ont connu leur plus faible niveau historique et ont été proche de zéro dans beaucoup de grandes économies dont la zone euro et les Etats-Unis. Or, cette politique des taux d’intérêts faibles, voire même négatifs, si elle a été favorable aux économies réelles, elle a été à l’origine d’une réduction drastique des revenus des banques.
Un troisième élément qui explique la crise bancaire internationale est lié à l’ensemble des engagements que les banques doivent impérativement mettre en place afin de respecter le nouveau cadre de gestion de risque et de supervision bancaire dans le cadre de Bâle III. Certes, ces nouvelles normes sont essentielles afin de réduire la prise de risque et l’aventurisme bancaire, mais elles se traduisent par des coûts importants qui viennent peser sur la rentabilité des banques. A ce niveau, on peut citer l’interdiction de certaines activités à grande rentabilité mais qui se traduisent par une grande prise de risque. On peut également souligner l’obligation faite aux banques d’accroître leurs capitaux propres ou de soumettre à des normes importantes de compliance de conformité. Ceci s’est traduit par l’engagement d’un bon nombre de juristes afin de vérifier l’application de ces règles par les banques. Mais, ceci se traduit par des coûts supplémentaires dans le fonctionnement des banques.
L’ensemble de ces raisons soulignent les difficultés et les grandes turbulences qui sévissent sur le marché bancaire. La plupart des banques ont cherché à répondre à cette crise et à la baisse de la rentabilité. Les réponses ont cherché à réduire leurs coûts avec une réduction du personnel. Une réponse qui reste insuffisante et le retour de la croissance constitue la locomotive du retour du dynamisme des entreprises économiques et notamment les banques et l’amélioration de leur rentabilité.