C’est ce jeudi 27 juillet 2023 que le tant attendu Sommet Afrique-Russie va avoir lieu à Saint-Pétersbourg. Un rendez-vous important qui se déroulera dans un contexte marqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et les enjeux géopolitiques et, surtout, alimentaires, qui en découlent.
L’Afrique, en effet, étant l’un des continents les plus impactés par la suspension de l’accord céréalier du 17 juillet 2023 par la Russie. La Tunisie, comme d’autres pays africains, sera présente. La délégation tunisienne sera conduite par le ministre des Affaires Étrangères et des Tunisiens Résidents à l’Étranger, Nabil Ammar.
C’est l’annonce qui a été faite par la diplomatie tunisienne ce mercredi 26 juillet 2023. Au programme: plusieurs entretiens avec les homologues africains et russes. Pour ce qui reste des nos voisins africains, 49 ont déjà confirmé leur présence – sur les 55 -.
« Un nouvel ordre mondial »
Pour le président de la Russie, Vladimir Poutine, c’est un véritable exercice de diplomatie auquel il va devoir se livrer. Selon les informations qui circulent, le conflit avec l’Ukraine devrait être abordé.
Vladimir Poutine devrait prononcer un « long discours » sur le « nouvel ordre mondial » lors de la session plénière. Pour l’homme fort du Kremlin, ce sera l’occasion d’annoncer la couleur et les thèmes qui seront discutés lors du Sommet: géopolitique, coopération économique et alimentaire, éducation, santé…
Un communiqué du Kremlin indique aussi que Poutine va organiser un déjeuner de travail pour réunir plusieurs Chefs d’États africains. Il aura lieu le vendredi 28 juillet 2023 et il sera orienté sur la guerre en Ukraine.
Guerre contre l’Occident: Vladimir Poutine veut renforcer sa position
Le sommet Afrique-Russie intervient dans un contexte géopolitique tendu marqué par la guerre en Ukraine. Celle-ci, selon les observateurs, serait une prolongation de la Guerre Froide puisqu’elle oppose, en réalité, la Russie à l’OTAN, qui est, pour sa part, guidée par les États-Unis.
La guerre et la crise géopolitique ont entraîné de grands bouleversements, notamment au niveau des exportations des céréales depuis l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine étant considérée comme le « grenier du monde ».
Céréales: la promesse russe envers les pays d’Afrique
La suspension de l’accord céréaliser, qui date de juillet 2022, a fait réapparaître les craintes d’une crise alimentaire mondiale. Pour Vladimir Poutine, la décision de la Russie est justifiée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’accord ne profitait pas aux pays pauvres, mais plutôt à la Chine et aux pays riches.
Ensuite, l’homme fort du Kremlin réclame une levée des sanctions sur les exportations russes de céréales et la réintégration de la banque agricole russe au système bancaire SWIFT. Des revendications jugées « inacceptables » par l’Occident.
À travers le Sommet du jeudi, Poutine tenterait sans doute de rallier l’Afrique à sa cause. D’ailleurs, précédemment, les autorités russes ont promis des aides plus directes destinées aux pays africains au niveau des exportations des céréales. Reste à connaître les décisions qui seront prises à l’issue de ce Sommet.
L’Afrique face à la convoitise et l’avidité des grandes puissances
D’autre part, nul doute que l’Occident va suivre de très près le déroulement de ce rassemblement. Depuis toujours, les grandes puissances s’arrachaient l’Afrique en raison de tout ce qu’elle renferme comme richesses naturelles et humaines, quitte à l’appauvrir. D’ailleurs, c’est ce qui a été fait, y compris après les indépendances. Les Russes ne font pas mieux que les Occidentaux en la matière. Il suffit de voir ce que le groupe Wagner fait dans certains pays, notamment en termes de trafics d’or et de matières premières.
L’Afrique doit prendre son destin en main
Pour résumer, Vladimir Poutine espère profiter du Sommet Afrique-Russie pour renforcer sa position dans la guerre qui l’oppose à l’Occident. Il faudra suivre de près la réaction de l’Occident si elle a lieu dans le cas échéant. L’Afrique, pour sa part, devrait pouvoir prendre son destin en main au lieu d’attendre que les autres le font pour elle.
En effet, ce type de sommets n’est pas une première. La France a organisé le sien, au même titre que le Japon et la Chine. Pourtant, notre continent ne manque pas de ressources naturelles et humaines. Ce qui lui manque, en revanche et à quelques exceptions près comme au Rwanda, c’est l’honnêteté politique et la bonne gouvernance. Sur ce plan, nous avons encore du pain sur la planche.
F. K