La capitale coréenne, Séoul, abrite du 4 à 6 juin prochain, un événement majeur pour la diplomatie coréenne en premier lieu et pour les pays africains. Il s’agit du sommet Corée du Sud-Afrique.
Ce sommet traduit la volonté qui anime le président Yoon Suk-Yeol et les dirigeants du pays du « matin calme » pour s’orienter davantage vers l’extérieur et jouer un rôle qui reflète la position économique de la Corée du Sud dans le monde. Il est important de noter que la deuxième ville de la Corée du Sud, à savoir Bussan, a vu en 2006 l’organisation d’une rencontre similaire mais plusieurs facteurs ont été derrière l’interruption de ce type de rencontres pour presque deux décennies. On peut citer les préoccupations que le régime de Pyongyang a créées à son voisin du Sud et aussi les changements d’ordre politique et stratégique que le continent africain a connus depuis 2010.
Ces changements ont mis l’Afrique dans un carrefour de partenariats puisque la plupart des pays qui pèsent dans le monde ne cesse de solliciter des relations privilégiées avec notre continent qui ne manque ni de ressources humaines ni de ressources naturelles.
On peut distinguer trois types de pays qui s’intéressent à l’Afrique. Il y a les pays qui ont colonisé des pays africains et qui n’ont pas pu mettre en question leur passé colonial. C’est un handicap psychologique qui empêche la mise en oeuvre d’un partenariat d’égal à égal surtout avec la montée de la xénophobie et du racisme au sein de ces pays et la faillite du modèle de « coopération » qu’ils proposent à l’Afrique puisqu’il ne met pas en question l’échange inéquitable et cherche toujours à profiter des ressources dont regorge le continent.
À cela s’ajoute la jonction entre ce modèle obsolète et les luttes d’influence qui ont accéléré une course à l’armement et augmenté les poches de tension et donné un alibi pour la prolifération d’organisations terroristes.
Ce fait nous met face au deuxième type de partenaires qui se présentent à la porte de notre continent, essentiellement avec la Russie et les Etats Unis d’Amérique qui poursuivent leur guerre d’influence sur le sol africain.
On peut dire que la Corée du Sud est le porte drapeau du troisième modèle puisque le partenariat qu’elle propose à l’Afrique prend en considération les objectifs du développement du continent à l’horizon de 2063 établis par l’Union africaine. Il s’agit d’un protocole de développement qui sera soumis au sommet Corée du Sud-Afrique et qui se veut une concrétisation du fameux principe du développement » gagnant-gagnant » . Ce protocole s’intéresse aux préoccupations actuels à savoir :
– La transition énergétique
– Les startups
– La digitalisation
– La pêche et l’agriculture
– L’enseignement, l’éducation et la recherche scientifique
– L’innovation
– La culture et le sport.
Un protocole ambitieux et qui prend en considération la réalité de chaque pays et qui ne croit pas que le développement s’impose ou s’offre et qui est en rupture avec les méthodes » clés en main » qui intériorisent un certain égocentrisme. En effet, les Coréens savent, grâce à leur histoire contemporaine, que seul le travail et la bonne gouvernance peuvent mettre les peuples sur la voie du développement. À part le « miracle coréen » qui ne peut que susciter l’admiration des jeunes africains et les pousse à emprunter ce chemin, il y a un autre élément qui ne manque pas d’importance : La Corée du Sud n’a jamais colonisé un autre peuple et cette spécificité lui donne plus de crédibilité et d’attrait dans ce carrefour de partenariats qui s’ouvre devant l’Afrique sollicitée pour ses richesses naturelles et humaines, pour son emplacement et surtout pour sa jeunesse qui aspire au développement et qui n’accepte en aucun cas retourner à la période coloniale ou reproduire ses traits marquants.
Aya Amari- association « Tunisie initiative pour le développement «