Le 6 et 7 décembre se réunissaient les Présidents du continent africain à Paris dans le cadre du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique.
Le continent est souvent victime de crises humanitaires. Déchiré, pillé et mal gouverné, il peine, malgré tout le potentiel dont il dispose, à se développer et ses habitants n’ont de cesse de le fuir, parfois aux prix de leur vie.
Pénurie d’eau, famine, sécheresse, guerres civiles et conflits divers secouent depuis des années divers pays d’Afrique. Effondrement de l’État et terrorisme résultent de ces crises et les nourrissent en même temps.
Rappelons, à titre d’exemple, que la Somalie, bouleversée aujourd’hui par les conflits internes alimentés par les extrémistes, a encore une fois été frappée de famine entre 2010 et 2012. Pas moins de 258.000 personnes dont 133000 enfants en bas âge (- de 5 ans) ont trouvé la mort entre octobre 2010 et avril 2012, ce qui représente 4.6% de l’ensemble de la population et 10% du nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans dans le sud et le centre du pays. Les conflits et l’insécurité ont aggravé la crise alimentaire aggravée par la sécheresse qui a touché l’ensemble de la Corne de l’Afrique. 12 millions de personnes en sont victimes et il s’agit de la plus grande sécheresse jamais connue depuis 60 ans dans la région.
Outre la dureté des conditions climatiques et la mauvaise gestion du potentiel et des richesses africaines, les conflits épuisent le continent en Mozambique, Angola, Liberia, Rwanda, Guinée, Soudan, Mali, Niger, République démocratique du Congo, etc. Aujourd’hui, les conflits armées arrivent en Libye et menacent l’ensemble du Maghreb. La Libye partage 4000 kilomètres de frontières avec 6 pays abritant des cellules terroristes ou connaissant des mouvements rebelles et les djihadistes maliens y trouvent refuge. La RDC est également en proie à de sanglants conflits armés dont les protagonistes sont des groupes étrangers au pays.
Potentiel
C’est ainsi qu’est gâché le potentiel africain. L’un des paradoxes du continent est qu’il compte 330 millions d’individus. 40% sont privés d’accès à l’eau potable. Pourtant l’Afrique recèle 660.000 km3 de réserves d’eau, une quantité cent fois supérieure à la quantité d’eau en surface.
L’Afrique est également riche en matières premières : charbon, gaz, pétrole, diamants, or, fer et platine… La population représente plus de 15% de la population mondiale et a dépassé le milliard en 2010. Pourtant les crises humanitaires que traverse le continent, et les crimes contre l’humanité dont sont souvent victimes ses populations, le condamne au rang «d’exportateur d’hommes». Immigrés clandestins à bord de barques frêles ou réfugiés politiques, les Africains fuyant le continent s’orientent essentiellement vers l’Europe.
La France, qui compte parmi les pays qui se retrouvent annuellement en train de gérer des situations humanitaires désespérantes face aux flux migratoires et aux problèmes des sans-papiers, est aujourd’hui l’hôte du sommet. Après l’intervention au Mali, la France continue à s’impliquer dans les problèmes africains.
L’implication française
Quelques jours avant le sommet, les troupes françaises ont été déployées à Bangui, en Centrafrique, pour tenter de mettre fin à la présence de milices. Ainsi, la France conjugue à quelques jours d’intervalle les moyens diplomatiques aux moyens musclés pour, dit-elle, «sécuriser l’Afrique.»
L’Express a commenté le rôle joué par la France en déclarant qu’il tient du «gendarme malgré lui». Dans ce contexte, le journal précise «jamais l'Hexagone n'a à ce point voulu se délester de son uniforme de gendarme du continent noir ; et rarement on l'aura tant vu l'endosser en solo, contraint et forcé.»
L’Hexagone s’inquiète des problèmes de sécurité menaçant ses « partenaires »avec l’enracinement des mouvances extrémistes et djihadistes dans le centre et leur expansion vers le nord de l’Afrique. La Libye a été par ailleurs l’un des dossiers discutés en marge des réunions à huis clos autour de la paix et de la sécurité en Afrique. Le chef d’État français a par ailleurs annoncé que son pays pourrait entraîner annuellement 20.000 soldats africains, dont la formation sera accomplie à l’horizon 2015. L’objectif du sommet étant de mettre au point une force africaine d’intervention rapide afin de gérer les conflits du continent.
Renforcement économique
Des perspectives de développement et de partenariats économiques ont été étudiées en marge du sommet. François Hollande a souligné que la France allouerait 20 milliards d'euros en prêts et en dons sur cinq ans. Il a également prôné la création d'une «fondation franco-africaine pour la croissance», dont l’objectif est la «mobilisation des intérêts privés et publics, français, africains et européens, au service de l'innovation et des nouvelles technologies».Durant le «forum Afrique – 100 innovations pour un développement durable», cent projets économiques ont été présentés.
Par Hajer Ajroudi