Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle : la France moteur d’une IA éthique et inclusive

Par Souhir Lahiani

Le président français Emmanuel Macron a appelé, lundi 10 février 2025, les Européens à un « sursaut » pour combler leur retard dans l’intelligence artificielle, suggérant d’agir en mode « Notre-Dame« , en référence aux procédures simplifiées ayant permis la reconstruction rapide de la cathédrale après l’incendie de 2019. « Il est temps de se réveiller et [d’avoir] une stratégie européenne« , a-t-il déclaré en anglais lors du premier jour du Sommet mondial sur l’intelligence artificielle à Paris, sous la coupole du Grand Palais.
Face à la domination américaine et chinoise dans ce domaine stratégique, la France veut affirmer son rôle moteur en Europe en promouvant une IA éthique, durable et accessible. Le Sommet pour l’Action sur l’IA, qui se tiendra du 6 au 11 février 2025, s’inscrit dans cette ambition et vise à établir des bases solides pour une gouvernance mondiale de l’IA. En mobilisant experts, chercheurs et décideurs politiques, cet événement entend structurer une réponse collective aux défis technologiques et économiques posés par l’IA, tout en favorisant une innovation alignée avec les valeurs européennes.

Emmanuel Macron annonce un investissement record de 109 milliards d’euros pour l’IA

Un sommet décisif pour l’avenir de l’IA
Face à une compétition mondiale dominée par les États-Unis et la Chine, la France affirme plus que jamais sa volonté de jouer un rôle de premier plan dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Dans un contexte où la dépendance aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est un enjeu stratégique, l’administration américaine a annoncé un financement privé de 500 milliards de dollars pour OpenAI, dans le cadre du plan Stargate. Parallèlement, l’arrivée remarquée du chinois DeepSeek sur le marché a accentué la pression concurrentielle. Pourtant, la France ne se laisse pas impressionner et mise sur une IA plus ouverte, plus accessible et moins gourmande en ressources financières et énergétiques.
C’est dans ce contexte que se tiendra le Sommet pour l’Action sur l’IA, les 10 et 11 février 2025 au Grand Palais à Paris. Co-présidé par l’Inde, cet événement d’envergure internationale vise à poser les bases d’une gouvernance mondiale de l’IA, tout en mettant l’accent sur la durabilité, l’éthique et l’accessibilité. Il s’appuie sur les avancées des sommets précédents de Bletchley Park (novembre 2023) et de Séoul (mai 2024) et réunit un comité de pilotage incluant une trentaine de pays et institutions internationales afin de garantir une approche inclusive et diversifiée.
Parallèlement au Sommet, la Semaine de l’IA mettra en lumière les écosystèmes d’innovation, valorisant les solutions concrètes des acteurs engagés dans le développement et le déploiement de l’IA. Trois objectifs majeurs guideront les discussions :

  • Favoriser l’accès à une IA indépendante, sûre et fiable ;
  • Encourager le développement d’IA frugales et écologiquement responsables ;
  • Assurer une gouvernance mondiale de l’IA à la fois efficace et inclusive.

Un engagement financier et politique sans précédent
Lors d’un entretien sur France 2, le 9 février 2025, Emmanuel Macron a annoncé un investissement record de 109 milliards d’euros pour l’IA. Ce financement, qui place la France au niveau des grandes puissances, provient de sources variées :

  • Les Émirats arabes unis investiront entre 30 et 50 milliards d’euros pour créer un campus IA en France, incluant le plus grand data center d’Europe (un gigawatt de puissance de calcul) ;
  • Le fonds canadien Brookfield apportera 20 milliards d’euros d’ici 2030, dont 15 milliards pour de nouveaux centres de données ;
  • La start-up française Mistral AI prévoit également d’investir plusieurs milliards dans son propre centre de données.

La France, moteur de l’IA en Europe
Depuis 2018, la stratégie nationale française en matière d’IA a permis d’imposer la France comme un leader européen du secteur. Avec 2,5 milliards d’euros d’investissement initial, la création de pôles d’excellence et l’ascension de champions comme Mistral AI et Hugging Face, la France se positionne comme un acteur incontournable. Son approche allie innovation et régulation, garantissant une IA alignée avec les valeurs européennes.

Des enjeux stratégiques au cœur des discussions
Le Sommet abordera des thématiques cruciales pour l’avenir de l’IA :

  • Gouvernance mondiale : établissement de règles communes en matière d’éthique, de transparence et de sécurité ;
  • IA frugale et durable : développement de modèles plus écologiques et moins gourmands en ressources ;
  • Accessibilité et inclusion : permettre aux pays émergents d’accéder aux technologies IA ;
  • IA au service du bien commun : applications dans la santé, l’éducation et la transition écologique.

Un tournant décisif pour l’IA mondiale
Le Sommet pour l’Action sur l’IA ne sera pas qu’un simple forum de discussions, mais une véritable plateforme d’engagements concrets. Son objectif est clair : garantir que l’IA demeure un outil de progrès au service de l’humanité et non une menace pour nos sociétés. Avec cette initiative, la France ambitionne de s’imposer comme un leader dans la définition d’une intelligence artificielle responsable et inclusive. Reste à voir si cette dynamique conduira à des avancées concrètes et durables pour une gouvernance mondiale efficace de l’IA. L’Union européenne jouera un rôle clé, en s’appuyant sur le AI Act, première réglementation mondiale sur l’IA, pour équilibrer innovation et régulation.

Références exploitées :
L’AFP ; France 24
Dossier de presse du « Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle »

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