Les derniers sondages publiés par Emrhod Consulting ont pour la première fois fait grincer les dents de plusieurs acteurs de la scène politique. Il y a eu, tout d’abord, la réaction du président de la République, Béji Caïd Essebsi. Dans son allocution du Mois de Ramadan, il a remis en cause des sondages qui peuvent « faire tomber ou remonter quelqu’un en 10 minutes ». Ennahdha n’a pas été tendre non plus, puisqu’elle avait accusé le cabinet de manipuler les chiffres.
Les chiffres publiés par les instituts de sondages, à l’instar de Sigma Conseil, sont bien entendu discutables. On ignore, à titre d’exemple, sur quelle base les échantillons ont été constitués, ce qui nous pousse à nous poser des questions sur leur représentativité. Voir Nabil Karoui bondir de la sorte est, en effet, étonnant, voire troublant. On se souvient aussi du fameux sondage de Sigma Conseil sur « le parti de Mehdi Jomma », à l’époque que l’ancien Chef du gouvernement n’avait même pas de parti !
Pourquoi contester les chiffres de Sigma Conseil ou d’Emrhod Consulting aujourd’hui précisément ? La réponse semble pourtant simple : Ennahdha a connu une chute vertigineuse en termes d’opinions favorables. De fait, de 33% en février 2019, elle est passée à 18% en avril dernier. Le président de la République, pour sa part, a obtenu 15,4% d’opinions favorables en avril 2019 contre 17,5% en février dernier.
En examinant ces chiffres, on finit par comprendre : la contestation des deux principaux intéressés ne serait finalement due qu’à leur perte de vitesse dans les sondages. Pourquoi Ennahdha et le président n’ont pas contesté les chiffres de l’institut de sondages lorsque ces chiffres leur étaient favorables ? Le secteur doit, en effet, être régulé. Rappelons qu’un projet de loi, conçue dans cette optique, est toujours dans les tiroirs de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) depuis 2016. Seulement, accuser de manipulation en raison d’une chute dans les sondages reflète plutôt le caractère « d’un mauvais perdant », une certaine crainte de sortir de sa zone de confort.