La société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) a annoncé que pour maintenir la continuité du service de l’eau potable «H24-7/7-12/12», il faut mobiliser pendant la prochaine décennie 2.247 millions de dinars, dont environ 1.200 millions de dinars sur la période 2015-2020. Pour y arriver, la SONEDE est obligée de réviser à la hausse le prix de l’eau potable, sachant que la compagnie perd 150 millimes à chaque m3 d’eau facturée. Rien qu’en 2013, on a enregistré 63 millions de dinars de perte auxquels il faut ajouter 234 millions, montant de la dette des clients de la SONEDE. Il faut rappeler que les ressources en eau de la Tunisie sont limitées et inégalement réparties dans le temps et dans l’espace. En 2013, la part d’eau par habitant par an a atteint 450m3, part inférieure au seuil de pauvreté et de pénurie respectivement à 100 m3 et 500m3. Cette eau est caractérisée par une salinité relativement élevée. En effet 52 % seulement des ressources en eau ont une salinité inférieure à 1,5 g/l. Un autre handicap pour le SONEDE : 86% des ressources de bonne qualité sont localisées dans le nord du pays. Une grande disparité régionale qui nécessite de l’investissement pour le transfert de l’eau ou la création de sources en eau non conventionnelle. Alors que les ressources sont en baisse, la consommation quant à elle est en pleine expansion. En effet dans le cadre de l’encouragement de l’investissement extérieur en Tunisie, l’État tunisien a signé des conventions d’Investissement avec certains investisseurs étrangers. Il s’agit du port financier de Tunis (un coût de 71 MDT) et Tunis Sport City (d’un coût de 18 MDT). Étant donné la demande croissante en eau, la réalisation de projets pour le renforcement et l’extension des grands systèmes existants devient une priorité absolue pour préserver la continuité du service. En dépit de l’augmentation du coût de l’énergie, la matière première, les matériaux de construction et toutes les charges d’exploitation, la SONEDE a continué à alimenter ses abonnés. La SONEDE a réalisé en 2013 environ 90.000 branchements, 1.000 km de conduites ce qui a porté la longueur du réseau à environ 50.000 km. Malgré ces efforts, il a été constaté ces dernières années une baisse du rendement des réseaux suite à la baisse de la cadence de renouvellement des réseaux.
Les projets de la SONEDE
Pour faire face à la demande croissante en eau, la SONEDE a programmé ces dernières années plusieurs projets. Il s’agit d’investissements lourds qui ne peuvent être supportés par la SONEDE avec le niveau actuel des tarifs. Le montant total des projets financés par crédits pris en charge par la SONEDE, pour la réalisation de divers projets en cours d’exécution, est de 467 millions de dinars. Les investissements financés sur fonds propres avoisinent les 33 millions de dinars par an. L’objectif de ces investissements est le renforcement et la sécurisation des systèmes d’alimentation en eau potable, la réhabilitation de grandes conduites, dont certaines datent du dernier siècle et le dessalement d’eau de mer pour compenser le manque d’eau. Le dessalement d’eau de mer représente le plus lourd des investissements. La facture énergétique en 2013 a atteint 54 millions de dinars. Pour l’eau potable issue d’eau de mer, le coût est exorbitant, le prix de revient est de 1,700 à 2,000 dinars/m3. Il est nécessaire pour la SONEDE de réviser systématiquement à la hausse le tarif de l’eau potable à chaque mise en service d’un nouveau projet de dessalement. Outre la station de dessalement de l’eau de mer de Djerba, la SONEDE en réalisera deux autres à Gabès et à Sfax, et huit stations de dessalement d’eaux saumâtres. En même temps, la SONEDE vient de lancer une campagne de sensibilisation sur la rationalisation de la consommation de l’eau potable.
N.J