La polémique sur le décès tragique des 12 nouveau-nés à l’hôpital de La Rabta continue d’enfler. Face à l’ampleur et des dégâts et à l’indignation des tunisiens, le ministère de la Santé a organisé, lundi 11 mars 2019, une conférence de presse à Dar Dhiafa à Carthage. On s’attendait à ce que des zones d’ombres soient éclairées, notamment en ce qui concerne les principaux responsables du drame.
Principale intervenante de la conférence, la ministre intérimaire de la Santé, Sonia Becheikh, a souligné que la commission chargée de l’enquête est indépendante et qu’elle travaille dans la transparence. Elle est composée par des représentants de l’Ordre National des médecins, de ceux de l’Ordre National des pharmaciens, de ceux de la Société tunisienne de pédiatrie, ou encore des responsables de son département.
« Personne ne peut nier qu’il existe un problème dans le secteur. Toute personne impliquée sera sanctionnée », a-t-elle lancé.
Au sujet du service néonatal de l’hôpital, la ministre a souligné qu’il abrite des nouveau-nés âgés entre 28 et 32 semaines, donc prématurés. « Nous pouvons donc deviner leur état. D’ailleurs, le taux de mortalité dans ce service atteint les 40% et c’est valable pour tous les hôpitaux du monde. Néanmoins, ces éléments ne justifient pas les décès », a-t-elle expliqué aux médias.
L’enquête suit son cours actuellement selon la ministre intérimaire. Des échantillons du produit incriminé sont analysés dans plusieurs laboratoires, notamment le laboratoire national de contrôle de médicaments. Les résultats préliminaires devraient apparaître dans « 4 ou 5 jours » selon la ministre. « Nous devons arrêter la surenchère et toute sorte de récupération. Il y a urgence aujourd’hui et nous sommes tous responsables, moi comprise étant donné que j’occupais le poste de secrétaire d’État au sein du ministère de la Santé. Il faut laisser les médecins travailler désormais. Personne ne peut nier, par ailleurs, qu’il existe un problème de gouvernance », a-t-elle dit.
La ministre est, par la suite, revenue sur le nombre de nouveau-nés décédés. On compte 12 décès depuis dimanche dernier. Cependant, elle a appelé à ne pas assimiler chaque décès au cas des nouveau-nés. Concernant la salle blanche où les préparations alimentaires sous forme de sérum sont préparées, Sonia Becheikh a assuré que toutes les composantes du sérum ont fait l’objet d’une AMM (autorisation de mise sur le marché). La salle est conforme aux normes d’hygiène internationales.
Un constat préliminaire, rappelons-le, a été annoncé par la ministre : les nouveau-nés décédés ont été touchés par des infections nosocomiales. Ces infections sont déclenchées dans les hôpitaux et tous les enfants du monde y sont exposés selon Becheikh.
Elle est, d’un autre côté, revenue sur la polémique des boîtes en carton dans lesquelles sont placées les nouveau-nés décédés. La ministre a assuré que le Chef du gouvernement a ordonné de mettre fin à ces pratiques, et ce dans un délai d’un mois. « Le secteur de la santé est en état d’urgence. Les défaillances existent. Nous devons, néanmoins, arrêter de tout instrumentaliser », a encore déclaré la ministre.