L’incontournable intellectuelle franco-tunisienne Sophie Bessis a publié hier 9 février 2015 un billet sur la tribune du journal français Le Monde.fr où elle s’en est farouchement prise à la décision de mise à l’écart de Khadija Cherif « dûment » nommée ministre de la femme et de la famille.
Sophie Bessis n’a pas mâché ses mots. Pour elle, Khadija Cherif « a été cavalièrement remerciée ».
Motif ? Cette dernière est une femme révolutionnaire, dérangeante et qui fait peur au tunisien. Explication.
Pour l’auteure de « La double impasse, l’universel à l’épreuve des fondamentalistes marchands et religieux» Khadija Cherif a été écarté parce qu’elle est une femme qui n’a jamais caché son engagement féministe ni ses convictions laïques, une femme qui a ouvertement défendu la cause de Jabeur Mejri, condamné en 2012 à sept ans de prison pour « insultes à l’islam » mais aussi une femme qui c.
Ce n’est pas tout. Selon Bessis, Khadija Cherif, ancienne vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme, prône la séparation des sphères religieuse et juridique dans tous les domaines, défend des athées au nom de la liberté de conscience inscrite dans la Constitution de 2014, oeuvre pour instaurer l’égalité dans la loi successorale et abolir la directive qui interdit depuis 1973 à une musulmane d’épouser un non musulman « violant la liberté de choix du conjoint pourtant inscrite dans le Code du statut personnel ».
« Une ministre tentant d’inscrire dans le réel les droits des femmes et qui, sans jamais stigmatiser les femmes voilées, a toujours affirmé que le voile demeurait un signe de l’antique oppression qu’elles subissent » a ajouté Sophy Bessis.
L’intellectuelle a affirmé qu’un tel profil, qui fait trembler les états-majors, pourrait être accepté pour d’autres portefeuilles mais jamais pour celui de la femme et de la famille.
Pour elle, Ennahdha est loin d’être la seule derrière l’écartement de Khadija Cherif. Elle en a endossé la responsabilité à, outre le parti islamiste, Nidaa Tounes et ses alliés « libéraux ».
« Au sein du parti Nida Tounes comme chez ses nouveaux alliés « libéraux », on a aussi récusé cette femme dérangeante, risquant de faire désordre dans le nouveau consensus islamo-conservateur ». s’est indignée Sophie Bessis.
L’écrivain a conclut par noter que priver une féministe du ministère de la femme est une affaire « trop grave » aux « trop grands risques » qui relève d’un « conservatisme en matière de relations entre les sexes de la classe politique tunisienne ».
Nidhal Adhadhi