Sortie de crise : Mohamed Ennaceur envoie des fumées blanches.

Coup sur coup, Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), reçoit Youssef Chahed, chef du gouvernement, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Samir Majoul, président de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) et enfin Abdelmajid Zar, président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pèche (UTAP).
Malgré le mutisme d’une part et les déclarations laconiques de l’autre part, la fumée blanche a été envoyée au moins à deux reprises. La première a annoncé la rencontre Chahed -Taboubi, la deuxième a concerné l’accord surprise des augmentations salariales dans le secteur privé, ce qui a eu l’avantage de décrisper, quelque peu, la situation tendue entre les divers actants du climat social et en promettre davantage.
Il y a certes les prédispositions des uns et des autres à contribuer au dénouement de la crise qui couve mais il y a aussi, et surtout, l’art de réunir à la même table deux ou plusieurs antagonistes qui, rien que la veille, campaient sur des positions aussi contradictoires qu’éloignées et s’échangeaient des propos pour le moins belliqueux.
Mohamed Ennaceur passe pour être un maitre en la matière, pourvu qu’on ne l’en empêche pas. Il réussit facilement la manœuvre puisque tous lui reconnaissent la neutralité, l’impartialité et plus encore le désintéressement. De ce fait, il inspire confiance, facilite la confidence et la protège. Noureddine Taboubi n’a-t-il pas lancé cette phrase énigmatique où il disait en substance que « l’ARP est dorénavant le lieu de prédilection de tous pourparlers »
On l’a vu rarement échouer et quand c’est le cas, il l’assume à son corps défendant. Ministre des affaires sociales de 1973 à 1977, il démissionna de son poste quand il ne parvint pas, en décembre 1977, à faire revenir Hédi Nouira, alors premier ministre, et Habib Achour, alors secrétaire général de l’UGTT, sur leurs décisions de s’affronter un certain 26 janvier 1978. Rappelé en 1980 au même poste après que les syndicalistes aient été innocentés des évènements du jeudi noir, il démissionna en 1985 refusant l’usage de la force, au lieu du dialogue, dans le règlement d’un conflit qu’avait initié cette fois-ci Mohamed Mzali.
A Mohamed Ennaceur, on doit, entre autres, ces conventions collectives qui régissent depuis 1973, les rapports sociaux entre patrons et travailleurs et évitent aux gouvernants d’y interférer ou de dicter quoique ce soit, dans un sens ou dans l’autre. On lui doit aussi ces dernières fumées blanches annonciatrices, espérons-le, d’une sortie de la crise qui pèse sur le pays.
Pour l’histoire, Mohamed Ennaceur s’était porté candidat en 1986 au poste de directeur général du bureau international du travail (BIT). Il avait perdu par une voix de différence, celle de la Tunisie !

M.A.Ben Salah.

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