Comme dans le Jazz, l’improvisation est création, invention, écriture, à la fois élan et retenue, sensibilité et énergie pure. La note n’est pas écrite, elle est inscrite… dans l’immédiat et dans un parcours. Elle n’est pas exécutée, elle est voulue, espérée. L’improvisation ne serait donc pas l’occupation d’un espace vacant de toute écriture, elle est en soit une forme d’écriture, mais dans l’espace et dans l’instant, dans la vérité et l’urgence de l’instant. La phrase, la note, le mouvement, le son qui s’en dégage n’est donc pas sujet à une lecture, car il n’y a qu’un temps, celui précisément de l’écriture.
Dans « Aswat », le public voit les choses «naître en se faisant», sans préalable autre que les outils propres à chacun de nous et sans jamais suivre la même progression car les voies que nous empruntons ne sont pas balisées, nous avançons l’un vers l’autre en nous fiant à notre champ de conscience, à notre expérience et à notre instinct, sachant pertinemment que le chemin est délicat mais autrement plus passionnant et plus exaltant car plus que d’aboutissement, il s’agit ici d’accomplissement.
Le week-end du 6 au 8 novembre 2014, fut donc le rendez-vous avec la pièce de théâtre «Un Homme, deux Femmes, sous influences» du metteur en scène Kays Rostom à partir de 19h30 à l’espace culturel El Teatro sis El Mechtel de Tunis. Ce spectacle de Aswat Performances sera interprété par les acteurs Oumayma Bahri, Thouraya Boughanmi, Aymen Mejri Et Kays Rostom.
Présentation :
«un Homme, deux Femmes et leurs comportements de séduction sous influences des codes sociaux. Avant, pendant et après … et après quoi ? Aswat est une approche de la «Création» scénique expérimentée en «convergence» avec un mode musical et pictural par strates, par boucles et par couches successives.
Les choses naissent en se faisant, l’improvisation y trouve un champ d’action et rien n’est définitivement figé. Le spectacle vivant reste en constant mouvement et en perpétuel changement. Rien n’est immuable et tout est interchangeable, y compris les actants, le contenu et le contenant.
«Un Homme, deux Femmes, sous influences – Volet 2 de Aswat Performances» a été créée en coopération avec le Goethe-Institut.
Création de musique et de danse, ce deuxième volet d’Aswat est né d’une idée de Kays Rostom, artiste tunisien multi-facettes, qui est connu comme scénographe, décorateur de théâtre et percussionniste. Depuis 1994, il est le scénographe de Fadhel Jaibi de Familia Production, célèbre metteur en scène tunisien. Il s’agit d’une création de Kays Rostom (conception et réalisation) et de la danseuse Imene Smaoui (chorégraphie).
Ce « work in progress » est structuré en 3 axes : son, corps et espace. Le Goethe-Institut développe depuis 2008 avec Kays Rostom des projets musicaux ethnologiques, entre autres avec David Kuckhermann, multi-percussionniste.
Dans la première partie son, des instruments rares et en provenance de différents pays sont utilisés afin de donner une voix musicale aux «Voix» de la révolution. La seconde partie est présentée comme une improvisation très poussée dans laquelle le corps est au centre de la création. La dernière partie est une exploration de l’espace scénique dans une sorte de caisse de résonance rythmique, vibratoire, sonore, mais aussi, dramaturgique et sensorielle.
Sens vibratoire de la transe, multiplication des poses, « Aswat » est un travail dansant au long-cours que je vous recommande vivement.
F. B.