Les transformations majeures qui accompagnent les balbutiements du nouveau monde et les changements radicaux qui le traversent suite aux crises multiples de la globalisation ne se sont pas arrêtés aux portes du monde développé, mais seront également à l’origine de l’ouverture du débat sur le nouvel horizon stratégique pour le développement et le changement social dans le monde en développement.
Bien que le débat stratégique dans le domaine du développement n’ait pas atteint les niveaux de celui dans les pays développés, de nombreuses institutions internationales et groupes de réflexion stratégiques ont lancé des recherches et des débats sur l’avenir de la croissance et du développement économique dans nos pays. Comme au niveau global, les grandes transformations dans le monde ont mis en avant la nécessité de construire un nouveau cadre stratégique pour construire la résilience et la sécurité des États et réduire leur dépendance par rapport au monde global. La reconstruction de nouvelles dynamiques nationales dans les pays en développement ne sera pas aussi facile étant donné le degré élevé d’ouverture économique et l’insertion des grands secteurs, dont l’industrie et l’agriculture, dans ces pays, dans la mondialisation.
Dans ce débat stratégique, nous proposons d’introduire le concept de « souverainetés ouvertes » comme nouvel horizon stratégique pour un développement ouvert dans les années à venir. Ce nouveau concept apporte avec lui une nouvelle vision stratégique du développement qui cherche à réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger en reconstruisant une partie de l’autosuffisance dans certains secteurs importants sans chercher à fermer les frontières nationales et de revenir à l’Etat-nation comme c’était le cas des années 1950 jusqu’aux années 1980.
Nous avons essayé de définir le concept de «souveraineté ouverte», qui, dans notre compréhension, comprend les choix et les politiques qui visent à construire la résilience des États en réduisant la dépendance dans de nombreux domaines stratégiques et en atteignant un certain niveau d’autosuffisance à travers la relance des chaînes de production locales sans chercher un retour aux frontières de l’Etat-nation et la fermeture aux dynamiques globales. C’est un équilibre dynamique que cherchent les souverainetés ouvertes entre une certaine autonomie des chaines de production stratégiques et l’ouverture au monde en développement sur les courants d’échanges et de production globaux.
Dans notre lecture, le concept de «souveraineté ouverte» est un nouveau cadre stratégique qui contribue à l’harmonisation des choix et des politiques publiques dans les pays en développement. Ce cadre vise à atteindre l’équilibre nécessaire requis par la sécurité nationale et la construction de soi d’une part et l’ouverture et la coopération d’autre part.
Ce nouveau contexte exige l’identification de nouvelles perspectives stratégiques pour un projet de développement futur. Les institutions internationales et les think tanks dans le monde ont commencé à formuler de nouvelles idées et de nouveaux concepts afin de nous adapter à ce monde en balbutiement.
Nous avons essayé de contribuer à ce débat global en suggérant le concept de «souveraineté ouverte» comme nouvel horizon stratégique pour le développement futur. Nous avons présenté quelques idées préliminaires pour ce concept qui nécessitent l’ouverture et la poursuite du débat sur l’avenir du développement dans le monde post-global.