Spectacle affligeant

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

45 millions d’euros représentent le coût de la rédaction du projet de Constitution. Bien que ce coût matériel puisse déjà paraître très élevé, il n’est rien par rapport au coût social d’une Constitution encore inachevée. 

Voilà un an et demi ou presque, que les membres de l’Assemblée constituante — dont la mission essentielle consiste à rédiger une Constitution digne de la Révolution tunisienne — peinent encore à s’entendre autour d’une version finale qui pourrait nous faire sortir de la situation de doute et de non-stabilité que nous connaissons.

En fait, face à une troisième version encore semée d’approximations  au niveau du préambule, de la séparation des pouvoirs, des libertés, etc.,   les députés se voient contraints de  trouver un terrain d’entente avant de faire passer le projet de Constitution devant l’Assemble générale. Il faut se décider à tirer le tapis sous les pieds de ceux qui cherchent sans cesse à faire durer les travaux de l’ANC à travers leur insistance à maintenir des articles “explosifs” dans la version finale. La Constitution est loin d’être liberticide, certes, mais l’ambiguïté et la confusion générale ont conforté l’idée d’une Constitution dont le contenu se situait en deçà des attentes des forces démocratiques du pays.

Cela dit, en dépit d’un projet de Constitution qui est loin de satisfaire toutes les attentes des forces politiques ainsi que tout le peuple tunisien, il incombe aux locataires de l’hémicycle de passer outre leurs différends politique et idéologique en adoptant, dans les délais les plus courts, un projet commun dont les fondements de la démocratie, de la liberté et des droits, représentent la pierre angulaire.

Cependant, il semble qu’il s’agisse là d’un vœu pieux puisque les débordements et les dérapages au sein de l’ANC ne cessent pas. 

De par leur comportement irresponsable et affligeant, les députés du peuple ont fourni une matière aux médias et aux réseaux sociaux, friands de sensationnel.

Hamadi Jebali, ex-Premier ministre n’a-t-il pas raison lorsqu’il déclare à un média arabe que «notre déception, c’est notre élite» ? Sinon comment expliquer qu’un président de commission, en l’occurrence Amor Chetoui (CPR), s’empoigne avec son rapporteur, Salha Ben Aïcha (Ennahdha), au vu et au su des députés qui en sont restés médusés ? “L’affaire du registre”, qui a occupé un nombre non négligeable de la Une des médias,  a, encore une fois, mis en cause le sérieux et la détermination de ces députés à mettre un terme à cette phase transitionnelle. Ces scènes désolantes et ces incidents graves qui se produisent au sein de l’ANC ne siéent pas aux représentants du peuple. 

Ce peuple, qui s’est révolté contre la dictature et la marginalisation, se retrouve aujourd’hui dans le viseur d’un danger encore plus grave : le terrorisme. 

Vendant leurs âmes au diable, les terroristes qui campent partout sur nos frontières ne manquent pas une telle occasion, ambiguë et floue politiquement, pour accentuer l’angoisse à travers des actes criminels lâches et ignobles.

Barrer la route à ces “fous de Dieu”  qui mettent en péril la paix sociale et l’avenir de notre pays, est un immense défi à relever à travers la transition vers une phase de stabilité qui passe forcément par l’adoption, en toute urgence, d’une Constitution pour tous les Tunisiens. 

 

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