Rien ne semble atténuer la colère des travailleurs du secteur de la santé. Dans une conférence de presse tenue ce lundi 13 mars 2017, Habiba Mizouni, secrétaire générale du syndicat des médecins et des pharmaciens, a déploré la situation critique du secteur en Tunisie. « Aucune initiative n’a été prise par l’autorité sous tutelle », a-t-elle regretté.
Dans ce contexte, le cadre légal régissant les erreurs médicales en Tunisie a été qualifié d’obsolète. « Il a été mis en place depuis l’époque de Nasser Bey ! », a encore déclaré Habiba Mizouni, précisant que le texte ne protège ni patient, ni médecin, ni dentiste, encore moins les professionnels paramédicaux. « Nous soutenons un projet de loi qui permettra de protéger le patient. Ce dernier pourra ainsi exercer son droit d’accès à l’information et aux indemnités. Plus encore : les professionnels du métier pourront, de ce fait, travailler tranquillement », a-t-elle expliqué.
La tension est également palpable au sein de la Fédération générale de la santé. Othmane Jellouli, son secrétaire général, a fait part d’une menace d’une grève générale dans le secteur de la santé, soulignant qu’un sit-in aura lieu le 15 mars 2017 sur la place de la Kasbah. « Nous avons des collègues derrière les barreaux en raison d’un soupçon d’erreur médicale sans la moindre preuve », a-t-il déclaré.
Le ministère de la santé se montre rassurant
Face à la tension des syndicats et de la fédération, le ministère de la Santé assure que l’élaboration d’un texte de loi régissant le secteur va bon train. « Ça avance. Les réunions que l’on tenait toutes les trois semaines ont lieu presque quotidiennement ces temps-ci », a déclaré Nabiha Falfoul, directrice générale de la Santé au sein du ministère, à Réalités Online.
La responsable a assuré que le ministère travaille sur un texte régissant le secteur tout entier, corps médical et paramédical compris, et ce conformément à la demande des syndicats. « Il faut savoir qu’il existe des mécanismes qui devraient être définis, notamment ceux qui portent sur les indemnités en cas d’erreur. Qui va les verser : l’institution médicale ou l’assurance ? », a expliqué Nabiha Falfoul.
D’autre part, la directrice générale de la santé assure qu’un grand travail a été accompli concernant le statut du personnel de la santé, et ce en fonction de son type : interne ou résident. « Pour ces deux derniers, ce sont les facultés qui se sont penchées sur la question. Concernant le personnel paramédical, il s’agit de l’unité de formation des cadres, et ainsi de suite », a-t-elle encore déclaré. Et de préciser qu’une partie du projet de loi a déjà été finalisée par le ministère de la Santé. « Le texte final sera présenté à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Celle-ci a promis au ministère et au syndicat qu’il sera adopté rapidement », a-t-elle encore assuré.
L’origine des tensions
À titre d’information, le conflit opposant le syndicat des médecins et des pharmaciens au ministère de la santé sur la question du statut du personnel a éclaté en février dernier, lorsqu’une médecin résidente a été mise en garde à vue suite au décès d’un nourrisson à l’hôpital Farhat Hached de Sousse. La jeune résidente a fini par être libérée, puisqu’une commission spéciale avait annoncée qu’aucune erreur médicale n’avait été commise.
Depuis cette date, médecins et syndicats ont réclamé la mise en place d’un texte de loi clair et à jour pour protéger et la patients et les professionnels du métier.