L’élaboration de la stratégie nationale pour la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) semble aller bon train. En témoigne, l’organisation récente par le ministère de l’Economie et de la planification d’un atelier sur la gouvernance institutionnelle et du cadre législatif des PME. Il est question d’aborder, de prime abord, le cadre conceptuel et réglementaire des PME avant de discuter des autres volets de la stratégie entrepreneuriale.
Par Bechir Ben Mohamed
Force est de rappeler, à cet égard, que la stratégie nationale pour la promotion des PME s’articule autour de six principaux axes : la gouvernance institutionnelle et cadre législatif (I), l’accès au marché et à la concurrence (II), l’accès au financement (III), l’accès aux ressources non financières et promotion de la culture entrepreneuriale (IV), l’internationalisation et intégration dans les chaînes de valeur mondiales (V) et l’innovation et l’investissement dans les domaines de l’économie verte, bleue et numérique (VI).
Cette conception a d’ores et déjà été arrêtée par l’ancien gouvernement depuis le mois de juin dernier. Cette stratégie vise à faire des PME un vecteur fondamental de croissance, de création d’emplois et de développement durable, selon les pouvoirs publics.
Mais le plus important est que, contrairement aux idées reçues, la stratégie de promotion des PME doit attester de la préservation du rôle clé du secteur privé dans le soi-disant nouveau modèle économique pour la Tunisie, où initiative privée rime avec organisation publique et entreprises communautaires, sur « la base de la justice sociale », comme l’a précisé Samir Abdelhafidh, ministre de l’Economie et de la planification.
Dans cette lignée, le ministre a rappelé que malgré les efforts déployés par l’Etat pour soutenir les PME à travers les mécanismes d’appui réglementaire, financier, organisationnel et d’accompagnement, le cadre juridique et structurel régissant les PME en Tunisie est assez complexe, dispersé et insuffisamment efficace en termes de coordination. « L’efficacité des interventions publiques au profit des PME n’a pas toujours été soumise à une évaluation objective », a précisé le ministre.
C’est ainsi que l’atelier a mis en évidence l’importance de l’optimisation de la gouvernance institutionnelle et du cadre législatif pour améliorer la résilience et la durabilité des PME en Tunisie. Certes, la revue de la gouvernance, surtout via la détermination d’une définition unanime des PME et la création d’un choc de simplification des procédures de création et de développement des entreprises, serait originale, mais d’autres facteurs devraient être pris en considération pour libérer le potentiel de cette catégorie d’entreprises et en faire un vrai moteur de performance économique.
Tout d’abord, il s’agit de poursuivre activement le soutien des entreprises en difficulté. L’appui de l’Etat est essentiel à travers les mécanismes de bonification d’intérêt, la garantie de crédit, l’accès aux marchés publics, le paiement des dettes publiques, l’aide à la restructuration, etc. Ce soutien doit permettre d’améliorer la rentabilité des entreprises et renforcer leurs activités.
Ensuite, il est question de développer le système d’information des PME pour suivre l’état de santé économique et financière des entreprises. Les données sur l’évolution de l’activité des entreprises devraient être renforcées pour identifier les forces, les faiblesses et les risques auxquels sont confrontées les entreprises sur une période de plus en plus longue, ce qui favorise l’introduction à temps des ajustements nécessaires.
Enfin, il importe de donner tous les moyens d’agir aux PME dans tous les secteurs, de toutes formes et tailles. La libéralisation des activités, l’allègement des formalités administratives et surtout un meilleur accès au financement, l’aide à l’internationalisation, l’appui à la transformation digitale et la transition écologique sont fondamentaux pour libérer le potentiel dans les entreprises traditionnelles, technologiques et innovantes.
Les PME tunisiennes ont du potentiel mais éprouvent des difficultés conjoncturelles et structurelles, auquel cas elles ont besoin d’un schéma d’action cohérent, intégré et opérationnel pour sortir de l’ornière, reprendre leur dynamique et hisser leur compétitivité.
La stratégie nationale de promotion des PME est un projet structurant, mais qui a besoin d’être finalisé et d’entrer en action, et surtout de produire des effets. La collaboration entre toutes les parties prenantes doit mettre à profit les leviers d’action pour libérer le potentiel des PME tunisiennes et surtout, l’initiative privée.