Stratégie industrielle à l’horizon 2035 : cela devrait permettre la création de 300 mille nouveaux emplois !

A l’initiative du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, « la Stratégie Industrielle et d’Innovation » à l’horizon 2035 a fait l’objet, mercredi 6 juillet 2022, d’une conférence nationale préparée par  une commission de pilotage réunissant des représentants de plus de 21 ministères ainsi que des structures et des organisations professionnelles.
Les travaux relatifs à cette stratégie se sont déroulés dans un contexte difficile et changeant, marqué par des signaux d’essoufflement du modèle économique, la dégradation des finances publiques, l’endettement, la baisse des investissements et un climat d’affaires à renforcer pour promouvoir l’investissement. Cette stratégie repose sur un ensemble d’objectifs stratégiques assortis d’indicateurs pour mesurer les impacts de la politique à moyen terme et calibrer l’engagement des acteurs en contrepartie des soutiens qu’ils reçoivent de l’Etat.  Il s’agit en effet d’accroître la part de la valeur ajoutée industrielle manufacturière dans le PIB à 20% en 2035, porter les exportations de l’industrie manufacturière à 36 000 Millions de dollars en 2035 et générer une création nette d’emplois industriels de plus de 300 000 emplois (à partir des 540 000 emplois dans les entreprises d’au moins de 10 salariés) d’ici 2035.


La ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Neila Nouira Gongi, a déclaré que le ministère tenait à mettre en œuvre la stratégie en coopération avec la Banque africaine de développement dans le cadre d'une approche participative avec les différents acteurs économiques, qui comprenait un dialogue régional et sectoriel en plus d'une composition élargie du comité de pilotage incluant tous les partenaires et associations impliqués dans le domaine.

Un nouveau modèle de développement
Selon la ministre, la mise en place de cette stratégie repose sur une méthodologie qui s'articule autour de cinq étapes ayant porté sur un diagnostic du secteur industriel et du système de l’innovation en Tunisie et ce, suivant les méthodologies approuvées au niveau international, lesquelles ont permis d'identifier les forces, les faiblesses, les défis et les enjeux, dans le but de mettre en place de nouvelles bases stratégiques pour l'industrie en adéquation avec les exigences de la période. 
Elle a également précisé que la stratégie a conduit à la proposition d'un nouveau modèle de développement industriel, qui s'inscrit dans la vision future du gouvernement de relancer l'économie nationale et de définir les objectifs futurs qui portent sur l'augmentation de la valeur ajoutée du secteur industriel dans le PIB pour atteindre environ 18% d'ici 2025 et 20% d'ici 2035 avec un doublement de la valeur des exportations pour atteindre 18 milliards de dinars d'ici 2025 et 36 milliards de dinars d'ici 2035.

L’apport de la CDC
Cela s'ajoute au renforcement du secteur avec des ressources humaines spécialisées pour atteindre 640 000 emplois industriels d'ici 2025 et 840 000 emplois d'ici 2035.
Pour sa part, la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia a déclaré que  face à un écosystème de financement public en pleine mutation, les autorités tunisiennes ont déjà mis en place une panoplie d’instruments dédiée au financement local en infrastructure dans les régions. Elle a cité la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) qui est, selon elle, un moyen de financement complémentaire au financement bancaire et où l’investisseur, à long terme, aura un rôle à jouer dans le financement de l’économie et des projets d’infrastructure.  « Une telle intervention pourra se faire seule ou dans le cadre d’un Partenariat Public Privé (PPP) », selon ce qu’elle a dit. 
Elle a par ailleurs indiqué que la CDC intervient essentiellement dans les grands secteurs à savoir l’infrastructure, le soutien aux PME et la dynamisation du marché financier. Selon elle, la caisse a contribué au développement de technopoles comme levier important d’innovation. 
Outre la CDC, la ministre a cité le fonds tunisien d’investissement (FTI), faisant remarquer à ce propos qu’il s’agit d’un autre moyen de financement qui gère des ressources financières conformément à des programmes fixés sur la base des priorités du développement et d’investissement. Les interventions du FTI comprennent le déblocage des prêts au profit des projets d’intérêt national à l’instar de la prime de développement régional tout en se basant sur l’indice de développement régional dans certaines activités au titre de réalisation d’opérations d’investissement directs et des dépenses des travaux en faveur des investissements industriels dans les zones de développement régional, citant à ce propos une prime qui peut atteindre 15% du coût d’investissement avec un plafond de 1,5 MDT ou encore la prise en charge des travaux d’infrastructure et une prise de participation dans le capital gérée par les SICARS et les FCPR sur la base d’un capital compris entre 30 et 40%  du coût de l’investissement. 

Un cadre législatif propice
A coté de ces deux mécanismes de financement, Sihem Boughdiri a noté la mise en place d’un cadre législatif et propice au développement des fonds d’investissement spécialisés à l’instar du fonds spécialisé dans le financement des infrastructures qui est de nature, selon elle, à promouvoir les infrastructures structurants. « Les fonds d’investissement spécialisés contribuent effacement dans le financement des infrastructures dans les régions. », a-t-elle dit. 
De son coté, Samir Saïed, le ministre tunisien de l'Économie et de la Planification a indiqué que la vision économique à l'horizon 2035 incarnera les aspirations nationales et les réformes pour atteindre les objectifs de développement durable à travers un nouveau paradigme de développement basé sur une vision économique, sociale et structurelle. 
Le ministre a ajouté que le plan de développement 2023-2025 s'appuiera sur le partenariat entre les secteurs public et privé comme un mécanisme important pour le financement des projets, soulignant dans ce contexte la nécessité de travailler à l'amélioration des textes juridiques liés à ce mécanisme et à le rendre plus flexible pour que des projets régionaux puissent être mis en œuvre dans ce cadre.
Samir Saïd a en outre indiqué que le développement des régions dans tous les secteurs dépend principalement de l'élaboration d'une vision prospective pour chacune des parties et de la détermination de ses avantages compétitifs et de ses besoins, notamment dans les domaines de la formation professionnelle et de la recherche scientifique, ainsi que du travail de rendre les plans d'urbanisme plus adaptés à la spécificité de chacun.

Deux défis majeurs
La proposition du projet de la Stratégie industrielle de la Tunisie à l’horizon 2035 a été préparée par l’équipe IDOM / BID Consulting à partir des termes de référence établis par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie qui a bénéficié du soutien de la Banque Africaine de Développement. Les considérations de départ du ministère se basent sur deux défis majeurs de l’économie tunisienne : Relancer la croissance économique dans le but d’améliorer le niveau de vie de la population, augmenter emploi et réduire l’écart de développement entre les régions tunisiennes, améliorer la compétitivité des entreprises sur la base de l’innovation et de la technologie, ainsi que développer leur présence sur les marchés extérieurs, tout en évoluant vers une économie environnementale propre et basée sur des sources renouvelables d’énergie.
Le contenu de cette stratégie a fait l’objet d’un dialogue intensif avec les acteurs concernés de l’industrie, des milieux économiques, ministériels au cours des trois dernières années qui ont produit de nombreuses propositions. Ces impulsions ont été intégrées dans le processus d’élaboration de cette stratégie qui s’emploie à construire tous les déterminants d’une réussite collective dans la reconquête des avantages comparatifs, et pour contribuer à la consolidation d’une économie robuste et une société confiante dans l’avenir. Une telle démarche permet de partager une vision commune du développement industriel du territoire à l’échelle nationale, pour éviter la simple juxtaposition de visions. La « Stratégie Industrie et Innovation à l’horizon 2035 », a identifié les leviers d’actions qui permettront de répondre au mieux aux besoins des entreprises, à la création d’emplois, et à l’attractivité de la Tunisie comme site industriel. L’objectif est de faire en sorte que la création de valeur industrielle continue de croître. 

Khadija Taboubi

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