Stratégies Énergies 2030 : engagement dans la lutte contre les changements climatiques

Avec 13 000 emplois directs et indirects et un investissement annuel estimé à 100 000 millions de dinars, le secteur énergétique figure parmi les enjeux majeurs de l’économie tunisienne. Il était l’objet d’une rencontre de haut niveau, aux Berges du Lac, jeudi 24 novembre 2016.
C’était l’occasion pour les professionnels du secteur de rencontrer Héla Cheikhrouhou, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, ainsi que les représentants de la Chambre tuniso-britannique du commerce, afin d’étudier les possibilités de redynamiser le secteur énergétique.

Un secteur prometteur, et de nombreux blocages
« La situation du pays est inquiétante et le déficit énergétique est en constante augmentation », a déclaré Mehdi Ben Abdallah, président de la Chambre tuniso-britannique du Commerce. Dans ce contexte, plusieurs questions ont été soulevées. Tout d’abord, les professionnels ont exprimé le besoin de mieux connaître les textes de loi qui réglementent le secteur, notamment le code des hydrocarbures. De fait, les lois datent des années 1990, alors que le bond qu’a connu la technologie a redéfini les règles du secteur énergétique. Il y a donc lieu, selon les intervenants, notamment Mohamed Chaabouni, directeur général de Vivo Energie, de mettre à jour la législation afin d’assouplir le système et d’encourager l’investissement. Sans compter la pression fiscale qui a, selon les professionnel, augmenté, absorbant ainsi 30% des marges des entreprises.
De son côté, Ali Hjaiej, secrétaire général de la Chambre tuniso-britannique du Commerce, a souligné l’importance d’une stratégie énergétique orientée vers l’accessibilité à l’énergie, notamment en termes de tarifs, et la sécurisation de son approvisionnement. Sans compter la dimension environnementale qui représente un grand défi pour le secteur énergétique. En effet, 95% de la production de l’énergie tunisienne provient du gaz naturel, contre seulement 5% pour les énergies renouvelables.

Héla Cheikhrouhou : 30% de l’électricité en provenance des énergies renouvelables en 2030
Face aux inquiétudes des entreprises, Héla Cheikhrouhou a axé sa réponse sur la stratégie Énergie 2030, adoptée lors du dernier Conseil ministériel restreint. Tout d’abord, celle-ci vise à reconstituer l’indépendance énergétique tunisienne. Pour ce faire, le nouveau code des hydrocarbures devrait, selon la ministre, être bientôt adopté. « La commission énergétique parlementaire y travaille », a-t-elle assuré. Sans compter la question de la corruption qui menace, aussi, le secteur. « Le ministère est engagé dans cette lutte, étant donné que le secteur est sujet à la corruption. L’objectif est de rétablir la confiance des investisseurs », a souligné la ministre.
Ensuite, le ministère compte, d’après Héla Cheikhrouhou, renforcer le dialogue avec le secteur privé dans le cadre du partenariat public-privé en matière d’investissements. Une étude stratégique, toujours dans le cadre de la Stratégie Énergies 2030, sera lancée en collaboration avec le ministère des Affaires Locales et de l’Environnement.  « Le but est d’étudier les possibilités d’exploitation des sources non conventionnelles d’hydrocarbures, à savoir le gaz de schiste », a souligné la ministre.

La question fiscale et législative a également été mise sur la table dans le cadre de la Stratégie Énergies 2030. L’objectif, selon Héla Cheikhrouhou, est de stimuler l’activité du secteur privé. D’ailleurs, une commission spéciale sera créée en ce sens. Elle regroupera des représentants du ministère des Finances et celui de l’Énergie.

Un projet audacieux
Le renforcement de la capacité de production d’électricité constitue, par ailleurs, un axe central dans la Stratégie Énergie 2030. « Nous allons stimuler la capacité locale de production. Dans ce contexte, le rôle de la STEG sera déterminant. C’est un fleuron des entreprises nationales », a déclaré la ministre, ajoutant que l’interconnexion avec l’Italie devrait être stimulée. En d’autres termes, cela signifie que le partenariat énergétique entre les deux pays devrait permettre à la Tunisie de mieux profiter de l’excédent d’électricité se trouvant chez son voisin de la rive Nord de la Méditerranée.
« L’objectif est d’assurer 30% de la production d’électricité grâce aux énergies renouvelables, et nous espérons y parvenir avant 2030 », a annoncé, avec enthousiasme, Héla Cheikhrouhou, qui a réitéré l’engagement de la Tunisie en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Autre annonce majeure faite par la ministre : assurer 1000 mégawatts en provenance des énergies renouvelables d’ici 2020. Le but, par la suite, est d’atteindre 1250 mégawatts entre 2020 et 2025. « Les deux tiers émaneront de l’énergie solaire. Le tiers restant proviendra des éoliennes. Quant au financement, le secteur privé prendra en charge le tiers des dépenses. Le public, quant à lui, assurera les deux tiers », a déclaré Héla Cheikhrouhou.
Avec la Stratégie Énergie 2030, le gouvernement d’union nationale affiche sa ferme intention de s’aligner derrière les pays engagés dans la lutte contre les changements climatiques. C’est un projet qui ne manque pas d’audace, c’est indéniable, mais encore faut-il que son application respecte les délais annoncés. De fait, l’enjeu climatique est double : il est à la fois environnemental et économique, et aucune des deux dimensions ne saurait se passer de l’autre.

M.F.K

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