Stress hydrique – Afrique du Nord : l’AFD entame un projet ambitieux avec l’Observatoire du Sahara

Les conséquences du changement climatique sont visibles en Afrique du Nord qui fait face, également, à d’autres problématiques de taille : le stress hydrique exacerbé, la baisse des rendements agricoles ainsi que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes.
En effet, d’après un récent rapport élaboré par le réseau méditerranéen des experts en environnement et changements climatiques (MedeCC), l’Afrique du Nord subit une augmentation de températures à un rythme 20% plus élevé que les moyennes mondiales. Ceci pourrait, sans action supplémentaire, atteindre +2,2°C dès 2040 et aller jusqu’à +3,8 °C dans certaines régions en 2100.
Ce stress hydrique actuel, qui risque donc de s’aggraver, pourrait accroître les tensions entre les usages et les ressources conventionnelles renouvelables.

Rôle de l’AFD face au stress hydraulique

Dans ce contexte, l’AFD (Agence Française de Développement) place la résilience des économies et des territoires au cœur de ses priorités stratégiques dans la région Afrique du Nord avec une volonté de poursuivre et de renforcer ses interventions en faveur de la préservation des ressources en eau et du développement de ressources non conventionnelles, pour faire face à une situation de stress hydrique amenée à s’aggraver, du fait des effets combinés des activités humaines et du changement climatique.
Cette initiative intervient dans le cadre de la Facilité d’appui au dialogue de politiques publiques et citoyen financée par l’AFD et pour laquelle une convention de recherche et de partenariat a été signée le 5 novembre avec l’OSS à Tunis.

L’objectif de cette initiative régionale sera d’alimenter pour une durée de 18 mois le dialogue de politiques publiques dans la région (Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie) et d’encourager le partage de connaissances à une échelle régionale sur les enjeux et solutions permettant de faire face à ces défis. L’initiative permettra la création d’espaces de dialogue sur le sujet avec la production de documents de synthèse par pays et à l’échelle régionale et la publication de documents de recherche dans les collections de l’AFD.
Un atelier d’échange de haut niveau sera également organisé à Tunis en juin 2021. Il ciblera et impliquera principalement les décideurs des pays concernés ainsi que les fonctionnaires aux niveaux décisionnels élevés travaillant au sein des ministères sectoriels mais aussi transversaux, ainsi que la communauté scientifique, la société civile et le secteur privé.
Julie Gonnet, chargée du programme à la Direction Régionale AFD en Afrique du Nord, considère que ces sujets sont particulièrement pertinents pour les pays de la région. De fait, elle estime que l’augmentation des températures et la baisse relative des précipitations attendus selon les modèles climatiques de la région devraient conduire à une aggravation de la situation de stress hydrique alors que tous les pays affichent déjà des niveaux de disponibilité de la ressource largement en-deçà du seuil de pénurie défini par l’ONU (1.000 m³/hab./an) et inférieurs à 650m3/an/hab.

« En travaillant sur des enjeux partagés, l’initiative devrait favoriser les échanges, le partage de connaissances, la diffusion de bonnes pratiques et de solutions innovantes favorables à l’atteinte des objectifs de développement durable comme l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire, la préservation des ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques. Elle utilisera les canaux de dialogue déjà existants en s’articulant avec les autres initiatives déjà déployées sur ces thématiques », a-t-elle déclaré.
Pour sa part, Khatim Kherraz, secrétaire Exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel, rappelle que les cinq pays concernés par ce projet sont tous en situation de stress hydrique ou de pénurie d’eau, que le changement climatique ne va pas améliorer, loin de là. « Il est donc nécessaire d’explorer toutes les voies qui permettraient, soit une meilleure gestion des ressources conventionnelles disponibles, soit la mobilisation de ressources non conventionnelles additionnelles, dans le plus grand respect possible de l’environnement. Je suis par ailleurs heureux que la coopération entre l’AFD et l’OSS soit en train de se développer, dans des domaines encore trop peu abordés, pour le plus grand bénéfice de nos pays membres », a-t-il indiqué.

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