Stress hydrique – Houcine Rhili : « 90 % des Tunisiens pensent que les barrages sont la seule source d’eau, une grave erreur »

Houcine Rhili, expert en développement et ressources hydriques, a exprimé ses inquiétudes sur les ondes de la radio Express FM, dans l’émission « Expresso », ce mercredi 31 juillet 2024. Il a souligné un grave problème de communication entre le ministère de l’Agriculture, responsable de la gestion de l’eau, et les citoyens. Selon lui, il est crucial que les Tunisiens comprennent le fonctionnement du système d’eau potable.

Rhili a précisé que « 90 % des Tunisiens pensent que la seule source d’eau est les barrages, ce qui est une grave erreur, car ces derniers ne représentent que 35 % des eaux exploitées au niveau national ». Il a également évoqué l’« épuisement majeur des nappes phréatiques », mettant en lumière la complexité du système d’eau dans le nord du pays, qui alimente plusieurs gouvernorats. La capacité actuelle de ces barrages, estimée à 26,6 %, est l’une des plus faibles des 30 dernières années.

En ce qui concerne l’approvisionnement en eau à partir des puits profonds, Rhili a critiqué la solution de coupures d’eau périodiques instaurée en mars 2023, affirmant que ces mesures temporaires ne font qu’aggraver la crise. Il a souligné que la Tunisie, classée depuis 1995 parmi les 27 pays en situation de stress hydrique, n’a pas pris de mesures efficaces depuis lors. La stratégie ancienne, selon lui, est désormais inadaptée face à l’augmentation des défis et de la demande en eau.

Rhili a également dénoncé le manque d’homogénéité et d’accord parmi les autorités sur la réalité de la crise hydrique. Il a observé que le ministre de l’Agriculture reconnaît une pénurie d’eau, tandis que le président assure que l’eau est disponible. Les chiffres confirment que la Tunisie traverse une période de sécheresse sévère continue depuis 2015, exacerbée par les changements climatiques. Il a insisté sur le fait que la question de l’eau est avant tout une problématique de développement nécessitant une approche stratégique plutôt que technique.

D’autre part, Rhili a critiqué le recours précoce à la dé-salinisation de l’eau, une solution coûteuse et énergivore, alors que les projets de stations de dé-salinisation avaient été programmés pour les années 2012 et 2013. Il a recommandé de privilégier l’investissement dans le renouvellement des réseaux et l’amélioration des infrastructures existantes pour obtenir de meilleurs résultats à moindre coût.

Enfin, Rhili a appelé à une réforme institutionnelle, proposant la création d’un ministère dédié à l’eau et à l’irrigation, regroupant tous les acteurs et institutions concernés par le secteur. Il a affirmé que la solution à la crise de l’eau est politique et non technique, nécessitant une déclaration d’état d’urgence hydrique, une planification rigoureuse et des investissements ciblés dans les infrastructures. Il a conclu en soulignant que les coûts de la dé-salinisation restent élevés et que seuls les pays disposant de ressources énergétiques importantes peuvent se permettre cette technologie.

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