Pillages, incendies, viols, épuration ethnique, en cinq semaines, des villes entières ont été ravagées par d’incessants combats. D’un côté, la force sud-soudanaise du Président Salva Kiir, de l’autre, la rébellion dirigée par le rival et ex-bras droit du président, Rieck Machar. Les nations unies évaluent le nombre de morts à plusieurs milliers et les déplacés à plus d’un demi million.
Cette jeune nation s’est séparée du Soudan en Juillet 2011. Mais la proclamation d’un nouvel état n’a pas empêché les rivalités passées de ressurgir. Ces deux clans, alors alliés contre le Soudan, s’étaient opposés sévèrement sous la même bannière du Mouvement populaire de libération du Soudan.
Le 15 décembre 2013, à Juba, de violents affrontements éclatent entre le camp de Salva Kiir appartenant à l’ethnie des Dinkas et celui de Riek Machar d’origine Nuer. Le lendemain, le président annonce qu’un coup d’état a été déjoué. Riek Machar est en fuite, et les forces rebelles s’organisent. Dès lors, cinq semaines de combats vont s’enchaîner.
Poussé par pression internationale et sous l’égide de l’Igad, un cessez-le-feu est signé le 23 janvier 2014 entre les deux parties à Adis-Abebba. Celui-ci doit théoriquement faire déposer les armes aux rebelles et aux loyalistes, dont les principales victimes sont des civils. Une semaine plus tard, le sommet de l’Union africaine modifie son programme et s’empare du sujet. Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA déclare en ouverture des débats : «Nos cœurs sont avec les populations de la République centrafricaine et du Soudan du Sud, qui font face à des conflits dévastateurs dans leurs pays et en particulier aux femmes et aux enfants qui en sont devenus les victimes» en ajoutant «Nous devons travailler ensemble pour assurer la construction d’une paix durable». À la suite de quoi, et afin de veiller au cessez-le-feu, des observateurs sont mandatés par l’Igad sur le terrain. Ces derniers ont en effet observé une baisse des affrontements.
Loin des couloirs diplomatiques, les combats ont continué. Les forces loyalistes, grâce au soutien de l’Ouganda, avancent. Bor, Malakal et Bentui, principales villes meurtries ont été regagnées. Les rebelles ne sont pas loin et les discours de représailles et de menaces fusent dans chaque camp.
La trêve signée la semaine dernière paraît bien lointaine. Malgré tout, les pourparlers prévus le 7 février seront certainement suivis de près par les observateurs internationaux.
M.P.