Depuis le début du mois, suite aux promesses faites par le Chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur —à savoir revenir sur certaines mutations opérées sous le régime de la Troïka— de nouvelles nominations ont été faites au sein de l’appareil sécuritaire. C’est ainsi que le 7 avril, au sein du ministère de l’Intérieur, plusieurs hauts postes ont changé de titulaires : nomination de nouveaux chefs de zone dans la Police (à Carthage, Sidi Hassine et Siliana) et de nouveaux chefs de district à ( Jendouba, le Kef, Nabeul et Bizerte). Le 9, c’est à Kasserine et dans les rangs de la Garde nationale qu’un nouveau chef de zone a été nommé tandis qu’était remplacé le chef de district, blessé récemment dans un attentat.
Pendant ce temps, le 10, on note l’arrestation de plusieurs individus soupçonnés d’avoir apporté des aides logistiques aux criminels ayant organisé l’attaque du Mont Mghila. Le 13 un terroriste très recherché était arrêté à Sfax, tandis que le 16, à Sidi Bouzid, un terroriste lourdement armé tombait dans les filets de la police qui découvrait un important stock d’armes et de munitions près de sa cachette.
Le 9, c’est une nouvelle importante qui était diffusée : la nomination de 6 nouveaux gouverneurs à Tataouine, Gabès, Kairouan, Zaghouan, Jendouba et Gafsa, on a pu remarquer à cette occasion en lisant leurs CV que plusieurs d’entre eux sont originaires des régions défavorisées, dont ils sont à même de connaître les problèmes spécifiques, à résoudre en priorité. Ce qui n’a pas empêché certains députés, aussi bien sur les bancs de l’ARP que sur les plateaux de TV, de protester en arguant qu’ils n’avaient pas été consultés sur ce mouvement tout attendu (voir plus bas). Ainsi, peu à peu, le maillage du territoire devient de plus en plus efficace.
Selon la presse locale, Mongi Hamdi, ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Mehdi Jomâa, et actuellement représentant spécial du SG de l’ONU au Mali et chef de la MINUSMA, a été reçu le 10 avril par le président de la République et le 13 par le Chef du gouvernement. Il leur a, paraît-il, présenté une proposition portant sur la participation des forces de sécurité tunisiennes au sein de la MINUSMA (forces de l’ONU au Mali pour le maintien de l’ordre). L’information ne dit pas ce qu’ont répondu les deux responsables tunisiens de la sécurité dans notre pays.
Mais je trouve étonnant qu’un ancien ministre du précédent gouvernement, forcément au courant de la situation sécuritaire de la Tunisie, ait pu supposer un seul instant que le gouvernement actuel puisse prélever ne serait-ce qu’un soldat, garde national ou policier sur le maigre effectif des corps sécuritaires tunisiens qui veillent jour et nuit sur notre pays, menacé de l’intérieur et de l’extérieur par les troupes d’Al Qaïda et maintenant de Daech.
La Tunisie n’a jamais hésité à participer au “maintien de l’ordre” dans les pays étrangers lorsque l’ONU le lui a demandé, depuis 1960, quatre ans seulement après l’Indépendance, notre pays a participé à 17 opérations de maintien de la paix au sein de l’ONU (Katanga, Kassaï, Congo, Cambodge, Erythrée, Ethiopie, Côte d’Ivoire, Somalie, Rwanda…) et ses soldats et officiers se sont toujours acquittés honorablement de leurs missions. Mais, pour parler simplement, “quand la maison brûle, on ne va pas éteindre le feu chez les voisins”, et quand la nation est en danger, elle doit accorder toutes ses forces à ses propres citoyens ! Cela me paraît logique…
“Du grain à moudre”, nos journalistes en ont beaucoup en ce moment, et grâce à la liberté d’expression que l’on doit à la Révolution, —et dont certains abusent au lieu d’en user— ils sont à l’affût des déclarations des responsables de tout bord et de tout niveau, c’est normal, c’est leur boulot ! A condition, toutefois, d’être rigoureux et d’employer les mots justes à leur juste place. Je prends comme exemple un titre relevé ce matin dans un quotidien de la place : “La coalition gouvernemental en voie d’effritement”. Il y a de quoi inquiéter “le citoyen lambda”, déjà en proie à la crainte du terrorisme… et même du lendemain. On ne fait ressortir dans ce genre d’articles que les points négatifs ; pourtant le gouvernement travaille : les ministres se hâtent pour préparer le bilan à présenter “pour les 100 jours”, le Chef du gouvernement visite les différentes régions “à tour de bras”, organisant des Conseils des ministres restreints sur place quand la situation l’exige, comme dans le remuant Bassin minier, certaines causes de freinage ont été décelées, dont la solution peut être facilitée, par exemple par la nomination de plusieurs gouverneurs par le ministre de l’Intérieur. Mais aussitôt c’est la polémique : certains responsables de haut niveau se plaignent de ne pas avoir été consultés, et quand on explique que ces changements ont été décidés en commun par le chef de l’Etat et celui du gouvernement, les mêmes regrettent que “la Kasbah soit aux ordres du Palais”. C’est pourtant aux plus hauts responsables de l’Etat de décider qui doit représenter cet Etat dans les régions ! Et au lieu de protester sur les plateaux de TV ou dans un journal de la place, les ministres mécontents devaient se souvenir de la phase de Jean-Pierre Chevènement, plusieurs fois député républicain, en France, puis ministre, qui, en désaccord avec la décision du président de la République française d’attaquer l’Irak aux côtés des Américains en 1991, a démissionné de son poste en disant : “Un ministre, ça ferme sa gueule (quand il n’est pas d’accord), si ça veut l’ouvrir, ça démissionne” ! Droit dans ses bottes ! Malheureusement, peu de gens ont ce courage.
Il y a un problème lancinant qui se pose, au fil des jours : le nombre de personnes arrêtées en Tunisie avoisinerait les 5.000, selon les dernières déclarations du ministre de l’Intérieur rapportées par la presse, mais le nombre de procès et de jugements est infime, du moins n’en entendons-nous pas parler… N’y a-t-il pas assez de tribunaux habilités à juger les affaires politiques ? On parle de la création d’un “pôle judiciaire”… et l’on aimerait bien savoir ce qu’il en est réellement.