La galerie d’art à ciel ouvert sous le pont Cyrus Le Grand a été effacée voire assaillie d’un gris sinistre vendredi 15 mars 2019. Le pont est désormais d’une mine lugubre qui inspire la désespérance et la détresse dans un pays figé où la jeunesse suffoque.
On ne sait toujours pas qui a eu la bien fâcheuse initiative de recouvrir les géantes fresques du pont de la République en un gris macabre. Des fresques géantes, d’une longueur de 900 mètres couvrant 130 interfaces des colonnes porteuses du pont, réalisées par une centaine d’artistes tunisiens et étrangers ont été lâchement effacées.
Dans une déclaration à Assabah News, l’artiste Karama Ben Amor a affirmé que la directrice de la maison de la Culture, Chokri Belaïd, était grandement surprise lorsqu’elle a découvert que les fresques du centre-ville ont été effacées. Ces fresques géantes multicolores étaient un message d’amour et de paix pour tous les Tunisiens et le reste du monde. Elles étaient là depuis plus de deux ans et avaient le mérite d’être plutôt jolies (du moins au goût de plusieurs passants), et surtout d’éviter les tags horribles habituels que l’on voit pulluler un peu partout à Tunis et dans d’autres villes (les tagueurs semblent en effet ne pas taguer par dessus une fresque). Eux, au moins avaient un minimum de respect pour l’art contrairement aux responsables qui s’empressent de supprimer tout ce qui est beau et de tuer tout espoir, tout rêve, dans l’œuf.
Sous la présidence éclairée de Souad Abderrahim, à Tunis, on inaugure des poubelles ressemblant à de lamentables cercueils et on recouvre la ville d’un gris d’une laideur repoussante, en attendant le passage solennel de tout un pays de vie à trépas.