Sur les routes du tourisme alternatif

Par Alix Martin

Les 7 – 8 et 9 mai dernier, à l’hôtel « Le Palace », s’est déroulé « le 5e Colloque national du patrimoine géologique ». Conclusion ? Remarquable ! Nous allons essayer de résumer – difficilement tant il y a eu de « matières » ! – le colloque et la longue, belle et intéressante excursion qui a servi de « travaux pratiques ».

 

Le colloque

Dans un cadre agréable, avec des rafraîchissements et des repas savoureux, dans une salle décorée d’une quinzaine de posters d’information, plus d’une douzaine de chercheurs et d’ingénieurs tunisiens et étrangers ont présenté leurs communications de haut niveau sur le thème général : « La spéléologie, valorisation des sites naturels pour le développement régional ». Les participants avaient reçu, au préalable, un très beau fascicule contenant les résumés des communications et un « livret-guide » de l’excursion. Nous souhaiterions que des colloques semblables se multiplient.

Au mois de juin, l’an dernier, l’Association de promotion du tourisme alternatif en Tunisie » avait organisé, au « Village Ken », le « Premier salon international – au sud de la Méditerranée et en Afrique ! – du Tourisme alternatif », abondamment subventionné par différents ministères et autres organismes et … depuis, à notre connaissance, il ne s’est rien passé.

Pourtant, avec le géotourisme, les tourismes alternatifs possibles en Tunisie sont non seulement nombreux : randonnées pédestres, équestres, à V.T.T., visites de sites historiques de toutes les époques, écotourisme, tourismes marin : plongées photos, pêches, tourisme cynégétique, etc. … mais éminemment souhaitables pour pallier les insuffisances d’un tourisme balnéaire et saisonnier qui régresse fortement.

Nous souhaiterions donc, par exemple, en plus du Colloque de Sbeïtla, qui présente régulièrement l’histoire des Hautes Steppes, que ressuscite un « Séminaire  Jugurtha » qui se pencherait sur l’histoire du Haut Tell. D’autres pourraient présenter, par exemple, l’histoire du Jérid ou celle des Monts des Ksour, etc. … et organiser ou signaler des circuits touristiques possibles.

On pourrait imaginer que l’Association des amis des oiseaux présente les principales espèces ou les plus rares ou les plus menacées : par exemple l’outarde Houbara que de richissimes étrangers exterminent chaque année. Le public pourrait apprendre sur quels sites, on peut voir une importante avifaune : par exemple, la montagne d’El Haouaria au moment des migrations ou les lagunes de Korba et le site protégé – théoriquement ! – de l’Oued El Abid.

Le ministère de l’Agriculture pourrait présenter les parcs nationaux et les zones humides couvertes par la Convention internationale de Ramsar, parce qu’elles sont importantes au plan international, parait-il !

Il y aurait bien des choses à faire pour promouvoir des tourismes « intelligents » qui seraient mis en œuvre par des Tunisiens, au profit de Tunisiens et non de « Tour-Opérateurs ».

 

L’excursion

Résumons-la en un mot : passionnante ! De 7 heures du matin, au coucher du soleil, encadrés et instruits par des géologues aussi aimables que compétents, sachant créer une ambiance conviviale et ayant repéré, à l’avance, les arrêts instructifs et les lieux où manger agréablement, les participants – j’en suis témoin ! – se sont « régalés ». Il était difficile à chaque fois, de les faire remonter dans le car pour aller voir autre chose, ailleurs.

A la patine ocre de la forteresse byzantine de Ksar Lemsa, ont succédé les forêts du Jebel Bargou, le captage d’Aïn Boussaadia et le petit hôtel-restaurant niché dans la verdure.

Le couscous qui nous a été servi était délicieux bien qu’un peu piquant. Ce n’était, hélas, pas l’époque des « pêches du Bargou », mais en trouvera-t-on encore longtemps parce que l’eau manque depuis que « Melina » et « Fourat » puisent dans les nappes ?

Un colloque instructif s’est tenu dans une grotte. Puis, l’étude des « barres carbonatées » du Jebel Serj a préparé l’arrêt à la source d’Aïn Sokra et à la vision d’un « miroir de faille » proche.

Ensuite, une longue promenade, dans le village de Kesra et au sommet du plateau, pour voir les vestiges mégalithiques, a introduit un arrêt au pied des falaises, « ornées de nummulites » rougies par le soleil couchant, d’El Garia. Les escargots préhistoriques et les explications d’un préhistorien de l’I.N.P. ont longuement retenu les visiteurs.

Un groupe est retourné dormir à Aïn Boussaadia pour visiter, le lendemain, la magnifique « grotte de la mine » au sein du Jebel Serj. L’autre groupe est allé loger à Kairouan.

Le lendemain, sous la férule d’un géologue aussi charmant et disert que compétant : Monsieur Wissem Marzougui, nous sommes allés de surprise en surprise, de découverte en découverte.

Malgré la carte qui avait été incorporée au fascicule présentant l’excursion, nous avions beaucoup de peine à nous repérer, car nous étions dans une région que bien peu d’entre nous connaissaient. Nous demandions sans cesse le nom des Jebel que nous voyions autour de nous pour nous situer.

Avez-vous entendu parler d’une source thermale dans le lit de l’Oued Zeroud : Hammam Sidi Maamar ? Nous sommes arrivés au bout d’une petite route dans un hameau au bord du Zeroud large et sablonneux. Un curiste se baignait dans une vasque cylindrique creusée dans le sable de l’Oued. Cette eau chaude et sulfureuse, traite les maladies de peau. Puis, nous nous sommes arrêtés un peu plus loin sur un « gisement fossilifère du Cénomanien » pour voir des fossiles d’oursins et d’ammonites, entre autres, prouvant que la mer était là, il y a 100 millions d’années environ.

Ensuite, au bout d’une piste, tout juste carrossable – félicitons et remercions le conducteur de notre minibus ! – nous avons découvert les ruines du village abandonné, depuis 1950, de la mine de plomb du Jebel Trozza. Des pans de murs, un « Campanile », encore couvert de tuiles vertes, des socles ayant supporté des statues, les vestiges d’une grande « laverie », mais encore de beaux eucalyptus rappellent que 12.000 ouvriers extrayaient de la montagne des dizaines de milliers de tonnes de métal dans les années 1920.

Puis, nous sommes allés voir respirer le Jebel Trozza. Un escalier mène à une entrée taillée à flanc de montagne. Les curistes pénètrent dans une première petite, plus grotte que salle, puis descendent dans un puits où s’exhalent des vapeurs chaudes et sulfureuses. C’est impressionnant ! Mais il est impossible de prendre une photo dans cette atmosphère saturée de vapeur chaude : instantanément, l’objectif de l’appareil se couvre de buée !

En bas, dans une campagne assez sèche et peu cultivée, quelques maisons servent à loger les « curistes ».

Allez ! Il était largement l’heure d’aller déjeuner à … El Kantara : une charmante auberge sur la route menant à Siliana, après avoir salué le beau pont romain de Foum El Afrit.

N’est-ce pas là un authentique tourisme alternatif ? Qui d’entre nous a imaginé, un jour, aller faire du tourisme dans ces régions pour y découvrir tout ce que nous y avons vu ? Nous avons même appris qu’un « pionnier » avait ouvert un gîte rural : « Dar El Henchir », dans une maison « coloniale », au sein d’une propriété de 150 hectares, au kilomètre 5 de la route de Kairouan à Oueslatia.

Voilà, avec l’hôtel du Bargou, un autre gîte dans une région très riche en « curiosités » de toutes sortes.

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