Surtaxes américaines : des réactions inquiètes à travers le monde, la Tunisie encore silencieuse

AP Photo/Evan Vucci

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La décision du président américain Donald Trump d’imposer de nouvelles surtaxes douanières à quatorze pays, dont la Tunisie, continue de susciter de vives réactions sur la scène internationale. Si Washington défend une stratégie de rééquilibrage des échanges, de nombreux partenaires économiques dénoncent une méthode unilatérale et potentiellement déstabilisatrice pour le commerce mondial.

Une onde de choc chez les partenaires asiatiques

Les pays les plus lourdement touchés par cette mesure, notamment le Laos et le Myanmar (frappés d’une surtaxe de 40 %), ont exprimé leur préoccupation, tout comme la Thaïlande et le Cambodge, visés par des hausses de 36 %. À Bangkok, le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a déclaré espérer parvenir à un « meilleur accord » avec Washington avant l’entrée en vigueur des surtaxes le 1er août.

Du côté de la Corée du Sud, un dialogue diplomatique a été engagé. Une réunion entre le secrétaire d’État américain Marco Rubio et le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale, Wi Sung-lac, a permis de relancer les discussions, dans l’objectif de parvenir à un compromis à temps.

Les BRICS en opposition

Réunis à Rio de Janeiro, les dirigeants des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont vivement réagi à cette initiative qu’ils jugent agressive. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a fustigé une politique « impériale », affirmant que les BRICS « ne veulent pas d’un empereur qui décide seul des règles ».

Washington n’a pas tardé à répliquer, menaçant ce bloc économique d’une surtaxe supplémentaire de 10 % en cas de résistance coordonnée. Un climat de tension commerciale qui ne semble pas près de s’apaiser.

Une prudente ouverture à Bruxelles

L’Union européenne, qui n’est pas directement visée par cette vague de surtaxes, a néanmoins suivi de près l’évolution du dossier. Selon un communiqué de la Commission européenne, un échange téléphonique « positif » a eu lieu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, sans qu’aucune avancée concrète n’ait été annoncée. L’UE reste toutefois préoccupée par l’impact global de ces mesures sur la stabilité du commerce international.

Entre résignation et compromis en Asie du Sud-Est

Certains pays tentent d’éviter l’escalade par la négociation. L’Indonésie, qui figure parmi les pays touchés par une surtaxe de 32 %, s’est engagée à importer un million de tonnes de blé américain par an pendant cinq ans. Un geste perçu comme une tentative de limiter l’impact des mesures, bien que la surtaxe ait été maintenue pour l’instant.

Le Vietnam, de son côté, a obtenu une réduction de la surtaxe prévue sur ses produits (de 46 % à 20 %) en échange d’un accès sans droits de douane aux biens américains.

Silence radio à Tunis

La Tunisie, également concernée par une surtaxe de 25 %, n’a pour l’instant pas réagi officiellement. Aucun communiqué n’a été publié par le ministère du Commerce ni par les autorités diplomatiques. Si les échanges commerciaux entre Tunis et Washington ne sont pas massifs, certains secteurs industriels pourraient être affectés par cette mesure, notamment les exportateurs de composants électroniques ou de biens manufacturés.

Une stratégie controversée à Washington

Aux États-Unis, la décision du président Trump divise. Tandis que le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, promet des avancées rapides dans les négociations bilatérales, certains économistes mettent en garde contre les conséquences sur les prix à la consommation et les tensions avec les alliés. Wall Street, sans s’effondrer, a déjà enregistré un léger recul à l’annonce de ces nouvelles taxes.


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