« Système éducatif tunisien-nécessité de refonte » : Un rapport qui dit tout !

Intitulé “Le système éducatif tunisien- Nécessité de refonte”, le dernier rapport élaboré par  la Fondation Konrad Adenauer Tunisie en collaboration avec Sigma Conseil est riche en enseignements. Rendu public lors d’une rencontre organisée à l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït al-Hikma, le 28 mars dernier, ce rapport, basé également sur un sondage portant sur la perception des Tunisiens quant aux points forts et points faibles du système éducatif et de l’enseignement, a mis à nu de nombreuses défaillances et lacunes.

Tout le monde en parle depuis des années. Notre système éducatif public est en crise. L’école publique n’est plus en mesure de répondre aux attentes ni aux aspirations des élèves et des parents.

Des chiffres alarmants !
Il ressort de ce rapport publié par la Fondation Konrad Adenauer Tunisie,109000 élèves ont abandonné les bancs de l’école en 2022 contre 69000 en 2021 ce qui signifie que 300 élèves sont déscolarisés chaque jour. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette hausse du taux d’abandon scolaire dont l’analphabétisme des parents (49%), la pédagogie à savoir des programmes trop chargés, absence d’activités de motivation ou de loisirs (44%), pauvreté et la précarité (44%) ainsi que d’autres facteurs relatifs au cadre éducatif (manque d’effectifs, absentéisme), à l’infrastructure délabrée des établissements et à l’indisponibilité des moyens de transports.
Toutefois, les charges de l’éducation ne cessent de devenir un lourd fardeau pour les familles tunisiens notamment avec la hausse vertigineuses des prix des fournitures scolaires qui ont enregistré une hausse de 48% entre 2021 et 2023. Il émane de ce rapport que le coût par élève à l’école primaire public est passé de 1 090,1 dinars en 2010 à 2014,7 dinars en 2023 et ce, avec une hausse de 84,8%. Sans oublier les charges croissantes des cours particuliers qui deviennent indispensables pour garantir un niveau acceptable de l’élève mais aussi pour pouvoir réaliser des résultats satisfaisants lui permettant de poursuivre son parcours scolaire. En effet, d’après ce rapport publié le 28 mars dernier, les dépenses des Tunisiens en matière de cours particuliers durant l’année scolaire, ont atteint 1 milliard 468 millions de dinars.

Un système éducatif public malade
Face à ces difficultés qui ne cessent de faire obstacle à l’enseignement en Tunisie, l’Etat n’était pas en mesure de prendre le taureau par les cornes. Bien au contraire. En témoigne la baisse du budget du ministère de l’Éducation par rapport au budget de l’État de 12,2 % en 2022 à 10,8% en 2023. S’agit-il d’une politique bien réfléchie ? Absolument, puisque ce taux n’a cessé un rythme décroissant depuis l’année 2010 qui était de l’ordre de 15,9%.
D’ailleurs les experts et activistes de la société civile, chiffres à l’appui, n’ont cessé de crier sur les toits que le système éducatif public est malade et que seule une refonte totale peut le faire sortir de son marasme. C’est ce qu’explique d’ailleurs la fuite vers le système éducatif privé qui s’impose comme une alternative à la dégradation du niveau de scolarité dans les établissements publics. D’après le rapport en question,  le taux des personnes s’orientant vers l’enseignement primaire  privé a augmenté de 500%.  Le nombre d’écoles privées d’enseignement primaire a augmenté d’une manière significative, passant ainsi de 102 en 2010 à 600 en 2020.
Cet état d’insatisfaction quant au système éducatif public tunisien a fait que 38,7% des tunisiens, d’après le sondage, estiment que le système éducatif tunisien est moderne, et que seuls 32,1% pensent qu’il donne envie aux élèves d’apprendre.

Quels remèdes ?
Les auteurs de ce rapport, basé entre autres sur des chiffres et données élaborés par le ministère de l’Éducation, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) et l’Institut nationale de la statistique, n’y sont pas allés par quatre chemins pour insister sur la nécessité d’entreprendre des mesures appropriées pour une réforme structurelle de ce système éducatif tunisien.
En effet, parmi les recommandations qui ont été proposées on peut citer :
– Réformer les programmes d’éducation afin de les rendre plus en phase avec les exigences du monde contemporain, en intégrant notamment des cours axés sur l’apprentissage du numérique et du digital.
– Renforcer la formation des enseignants pour garantir des compétences pédagogiques de qualité et une transmission efficace des connaissances.
– Investir dans les infrastructures scolaires pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et créer un environnement propice à l’éducation.
Il va de soi qu’entreprendre toutes ces mesures reste incontestablement tributaire d’une volonté politique. Le projet de réforme mis en place par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, qui considère que “le secteur de l’éducation et de l’enseignement  fait partie des domaines de souveraineté” pourrait être la planche de salut pour sauver ce secteur.

Med Ali Sghaïer

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