Mais au delà de l’événement qui a déjà acquis une notoriété évidente, la région de Tabarka-Ain Draham n’a pas besoin que d’un festival de Jazz pour asseoir une véritable stratégie de relance et de pérennité de son activité phare. Elle devrait se déployer actuellement pour repenser son modèle de développement touristique. A fort juste titre, car la persistance de plusieurs questions surtout d’ordre structurel appelle à un sursaut d’imagination, d’innovation et de persévérance. Tous les intervenants et les opérateurs de la région sont unanimes sur des exigences qu’il faudrait impérativement satisfaire.
Des indicateurs au rouge….
La panne de l’investissement est l’un des maux endémiques de la région. Un indicateur au rouge bien avant la Révolution de 2011 et qui fut amplifié du fait de la crise de fréquentation touristique qui a sévi au cours des cinq dernières années.
La région avait pour ambition d’abriter une capacité d’accueil de plus de dix mille lits lui permettant d’être correctement commercialisée auprès des tour-opérateurs et des pays émetteurs. En 2010 elle n’avait qu’une capacité de 5600 lits dont 70% sont aujourd’hui à l’arrêt total nécessitant de surcroît des investissements assez lourds pour les remettre sur le marché.
Plus encore Tabakra-Ain Draham vit au rythme des blocages de ses projets touristiques et para-touristiques dont les plus importants sont le fameux projet du Col des ruines situé à Ain-Draham lancé depuis 2008 et dont la concrétisation n’a pas vu le jour jusqu’ici en dépit même de la régularisation de sa situation foncière. Autre frustration de la région celle ayant trait au lancement d’un téléphérique en symbiose avec la morphologie de la région et qui constitue un excellent moyen d’animation et forte valeur ajoutée. Initié par des promoteurs de la région, le projet demeure victime de la lourdeur administrative et réglementaire et d’un déficit de financement.
La région est encore en butte à d’autres défis notamment :
Il faut que les taux d’occupation des hôtels existants s’améliorent, que l’investissement se poursuive à un rythme autrement plus accéléré, que l’aéroport soit mieux exploité tout comme la marina, que le potentiel naturel et forestier soit mieux valorisé, que la promotion de ,la région soit davantage ciblée et plus encore innovante.
En termes d’infrastructures de base, beaucoup a été dit parce que beaucoup a été fait. Les volumes des investissements publics injectés durant les dernières années est considérable surtout en direction de l’infrastructure routière.
Mieux encore, la région est forte d’une diversité de produits exceptionnelle: D’un balnéaire de haute qualité, au tourisme sportif, culturel, le tourisme de festivals, la chasse, la plongée sous marine, les circuits écologiques, les randonnées…Autant d’atouts qui devraient donner de nouveaux ressorts à un acte d’investissement qui semble marquer le pas.
La région de Tabarka est ainsi bien outillée pour apporter une importante contribution dans la réussite de l’œuvre d’enrichissement et de diversification de l’offre tunisienne notamment au niveau du tourisme culturel et celui destiné à la clientèle nationale. Car on sait que plus de 50% des visiteurs de la région sont des Tunisiens, on devrait être en mesure de saisir la portée de cette donne particulièrement en matière de modes d’hébergement et d’animation spécifiques et adaptées à la demande intérieure.
En somme il s’agit d’une région qui est sans nul doute appelée à connaître une autre destinée touristique et économique. Il serait maintenant judicieux de bousculer le timing d’un veritable décollage qui inscrit son tourisme dans la durabilité. Car, tout le monde en convient, l’attentisme est synonyme d’opportunités perdues et de manque à gagner et pour la région et pour l’ensemble de la destination. La réflexion et la mobilisation ne doivent pas être orientées uniquement vers la tenue d’un festival. Elles seront néanmoins plus efficaces si elles sont imprégnées d’une autre dimension stratégique.
Nizar Mouelhi