Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs tunisiens, Noureddine Taboubi a souligné dans un entretien accordé ce mardi 5 mai à « Al Charaâ Al Magharibi » que le syndicat est « une force majeure dans le pays et ne peut pas être instrumentalisé ou dupé, ni voir quelqu’un parler en son nom pour prendre des décisions cruciales qui concernent le pays et le peuple« .
Taboubi a expliqué que « le fait que le gouvernement s’appuie sur l’invitation de la fédération à faire un don d’une journée de travail, pour ensuite exploiter cette invitation dans des retenues abusives sur les salaires des fonctionnaires et des travailleurs, ne peut en aucun cas être considéré comme un acte de solidarité comme nous le voulions. En effet, nous étions partis d’un pur dessein de solidarité qui s’impose de lui-même à l’ensemble de la communauté nationale quelles que soient les appartenances afin de tenir tête à la pandémie tel un seul homme. Nous ne pensions pas que les salariés allaient devenir la seule victime de retenues injustes et injustifiées« .
* »Ni sapeurs pompiers ni faire valoir »
« Nous ne pouvons plus sacrifier davantage, alors que les autres jouissent d’une prospérité chaque jour encore plus flagrante, constate-t-il. Notre refus des retenues n’est pas le refus d’un devoir national sacré de solidarité, mais plutôt le refus de voir une seule catégorie supporter le poids de s’opposer à un danger sanitaire qui n’exclut en fait personne. Le gouvernement a renoncé à son rôle de protection de tous les enfants du peuple, laissant les travailleurs affronter seuls le confinement sanitaire, au moment où les hommes d’affaires rechignent à payer le salaire du mois d’avril, et cherchent des alibis qu’ils trouvent tout compte fait dans le silence du gouvernement pour se dérober à l’accord du 14 avril et pour ne pas verser les salaires des travailleurs. Lesquels furent contraints par une catastrophe sanitaire à respecter les recommandations du gouvernement« .
Et le SG de l’UGTT de lancer tel un avertissement: « La patience des ouvriers a des limites. Nous ne sommes pas des sapeurs pompiers pour assumer la responsabilité de chaque incendie. Nous ne sommes pas non plus des faire-valoir pour voir chacun expérimenter ses politiques à nos dépens et nous mettre de la sorte devant le fait accompli. L’UGTT sait être une force de proposition, mais aussi de protestation. Nous ne nous tairons pas face au préjudice causé aux travailleurs ni face à toute altération de leurs droits et destin » , conclut le patron du syndicat.
H.A.