Dans une intervention radiophonique à la matinale d’Express FM, Taieb Zahar, Président de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ), a fait un éclairage perspicace sur la situation actuelle de l’industrie médiatique en Tunisie. Au cours de cette entrevue, il a partagé ses observations et analyses sur les défis auxquels est confrontée la presse tunisienne.
Une décennie de difficultés persistantes
L’entretien a débuté par une évaluation franche de la précarité grandissante du secteur médiatique dans le pays. Taieb Zahar a pointé du doigt une décennie de difficultés persistantes, une conjoncture qui, selon lui, a fortement nui à la liberté de la presse en Tunisie. Il a souligné que les demandes et les recommandations formulées par les acteurs du secteur pour assurer sa pérennité ont été largement ignorées par les autorités, entraînant une crise de plus en plus profonde et sans perspective immédiate de résolution.
Plus qu’une crise financière : L’ébranlement de la crédibilité de l’information
L’une des conséquences les plus inquiétantes de cette crise est la fermeture progressive de nombreuses institutions médiatiques. La situation met en péril non seulement la diversité de la presse, mais également la crédibilité des informations diffusées. Le Président de la FTDJ a exprimé sa préoccupation quant à la vulnérabilité croissante du secteur, soulignant qu’à défaut de réponses efficaces, le public pourrait se tourner davantage vers les réseaux sociaux pour obtenir des informations, ce qui pourrait compromettre davantage la qualité et l’exactitude des nouvelles.
Appel à l’action
Par ailleurs, il a lancé un appel urgent au nouveau Chef du gouvernement, en soulignant la nécessité pressante de trouver des solutions tangibles pour soutenir la presse écrite et garantir sa pérennité. Bien que le Chef du gouvernement ait récemment pris ses fonctions, Taieb Zahar a regretté l’absence apparente de volonté politique pour aborder cette question de manière adéquate.
Tarissement des recettes publicitaires : Un coup dur pour la presse écrite
Un aspect crucial abordé concerne la réduction des recettes publicitaires pour la presse écrite au cours de la dernière décennie. Les entreprises, en période de crise, ont drastiquement réduit leurs budgets alloués à la publicité, ce qui a eu un impact dévastateur sur la presse écrite sous toutes ses formes. Le besoin urgent d’une intervention gouvernementale stratégique pour renforcer ce secteur vital de la société tunisienne a été mis en évidence
Gestion des fonds alloués : besoin de transparence
L’entretien a également porté sur la gestion des fonds alloués au secteur médiatique, y compris ceux liés à la pandémie de la Covid-19. Taieb Zahar a souligné la nécessité de répartir ces fonds de manière équitable entre les institutions publiques et privées du secteur. Il a rappelé que la création d’une agence de publicité publique avait été proposée il y a cinq ans pour réguler les annonces classées, mais cette initiative n’a pas été mise en œuvre malgré son potentiel pour revitaliser le secteur.