Conscient du rôle fondamental des médias dans la bataille diplomatique, le ministre des Affaires Étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, a réuni hier mardi plusieurs représentants des principaux médias audiovisuels, de la presse écrite et ceux de la presse électronique. Taïeb Zahar, directeur de Réalités, était parmi les invités.
Un nouveau point de départ pour le ministère des Affaires Étrangères et le quatrième pouvoir
Cette rencontre avec les médias nationaux marque une nouvelle relation constructive et de coopération entre le quatrième pouvoir et les sommets de l’État. « Le ministre nous a informés qu’elles [les rencontres] auront lieu régulièrement. C’est une initiative que nous saluons car elle a réuni les structures du ministère avec les médias. D’ailleurs, nous espérons que les autres départements ministériels puissent suivre la même voie », a-t-il déclaré sur Express FM dans la soirée de ce mercredi 15 novembre 2023.
Les deux parties ont échangé sur plusieurs sujets relatifs aux affaires étrangères en « toute franchise » selon le PDG de Maghreb Médias. Réagissant aux questions de Walid Berhouma relatives à la présence de certains chroniqueurs favorables au processus du 25 juillet 2021 – entre autres -, Taïeb Zahar a rappelé que la rencontre a porté sur la politique étrangère de la Tunisie. Il n’était donc nullement question d’autres thématiques.
La nouvelle dynamique de la Diplomatie tunisienne
« Nous avons discuté de la nouvelle dynamique de la Diplomatie tunisienne. Pour la première fois, il y avait des responsables et des directeurs généraux. Le message du ministre a été clair: il faut mener un travail commun et notre réussite doit être collective », a-t-il indiqué. Dans l’optique de cette même dynamique, le ministre des Affaires Étrangères, poursuit Taïeb Zahar, est revenu sur la nouvelle donne qui va marquer le travail diplomatique. Ambassadeurs, consuls, représentants permanents, ou tout autre agent diplomatique… Tous vont désormais devoir faire preuve d’un esprit d’initiative. Le but étant de défendre les positions de la Tunisie auprès des différentes opinions publiques. « Il existe un nouveau souffle. C’est une nouvelle tradition que le ministère souhaite mettre en place », a souligné le directeur de Réalités.
L’importance de la diplomatie économique
Interpellé sur les relations entre les bailleurs de fonds, à l’instar du Fonds Monétaire International (FMI), et la Tunisie, Taïeb Zahar a tenu à rappeler que la rencontre était centrée sur les affaires étrangères mais aussi sur la diplomatie économique. « Le ministère des Affaires Étrangères doit la mener en coordination avec les autres départements ministériels. Idem pour la coopération internationale qui, elle aussi, doit être menée dans le cadre d’un travail collectif réunissant différents organes de l’État avec, à leur tête, le ministère des Affaires Étrangères. Nabil Ammar considère, dans ce contexte, qu’il n’y a pas de crise marquant les relations entre la Tunisie et ses partenaires particulièrement l’Union Européenne. Et bien entendu, la Diplomatie tunisienne considère qu’il n’y a aucun mal à diversifier les partenaires économiques de notre pays, à l’instar de la Chine », a encore indiqué Taïeb Zahar.
« La Tunisie soutient la Palestine sans le moindre calcul »
La Cause Palestinienne a fait partie des sujets abordés entre les responsables du ministère des Affaires Étrangères et les médias présents lors de la réunion. « La position de la Tunisie vis-à-vis de ce conflit part d’un principe immuable, et ce peu importent les conséquences. Lorsque notre pays soutient la Palestine, il le fait sans calculs. Cela a toujours été ainsi. Cette Cause est dans nos cœurs. D’ailleurs, c’est ce que le ministre a clairement indiqué aux ambassadeurs accrédités en Tunisie des 5 pays membres permanents au Conseil de Sécurité de l’ONU, lorsqu’il s’est réuni avec eux », a expliqué Taïeb Zahar.
En résumé, la position de la Tunisie vis-à-vis de la Palestine n’affectera pas ses intérêts. Cependant, ce n’est pas le cas de la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste. Selon Taïeb Zahar, si elle avait été adoptée par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), elle aurait pu avoir des répercussions catastrophiques sur les intérêts de la Tunisie. « Malheureusement, une certaine surenchère a été constatée chez certains députés qui ont même appelé à faire des ambassadeurs de France et des États-Unis en Tunisie des persona non grata. Certains veulent isoler la Tunisie, ce qui aurait lourdement affecter ses intérêts. Heureusement que l’État existe et que des responsables de l’État ont mis en garde contre le danger de cette loi. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle le ministre des Affaires Étrangères a appelé à ce que les autres ministères donnent leur avis sur la question », a encore déclaré Taïeb Zahar.
La rencontre, selon le PDG de Maghreb Médias, a donc été constructive. Il n’a pas manqué de souligner l’importance de tels rendez-vous qui permettront d’éclairer l’opinion publique sur les questions cruciales des affaires étrangères et, aussi, de faire valoir les différentes positions de la Tunisie sur la scène internationale. C’est un grand travail qui est mené au sein du ministère des Affaires Étrangères. Or, ce dernier, rappelle Taïeb Zahar, n’a le droit qu’à 0,6% du budget de l’État. « Il en faut plus pour que le département puisse travailler plus efficacement », a conclu le PDG de Maghreb Médias.