Taieb Zahar: La saison touristique ne doit pas être pénalisée par un manque de transport aérien (Vidéo)

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Intervenu ce samedi 1er mars 2025 sur RTCI dans l’émission Destination Tourisme, animée par Mehdi El Kantaoui, Taieb Zahar, fondateur de l’hôtel Alhambra, a dressé un constat sur les freins qui entravent le développement du tourisme en Tunisie dans les meilleures conditions. Selon lui, la problématique du transport aérien et l’absence d’animation adaptée aux différentes régions du pays constituent deux obstacles majeurs à l’attractivité touristique.

Un secteur aérien inadapté à la demande

Taieb Zahar a dans ce contexte cité les limites du transport aérien précisant que la compagnie nationale Tunisair, ne dispose pas d’une flotte assez importante la permettant de répondre à la demande des touristes potentiels souhaitant visiter la Tunisie. Il a ajouté qu’en l’absence d’un accord Open Sky, des solutions alternatives existent et doivent être mises en place rapidement par le ministère des Transports et l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA). Il plaide notamment pour un assouplissement des conditions d’atterrissage dans des aéroports sous-exploités comme Ennfidha, Tabarka et Tozeur, qui fonctionnent aujourd’hui à seulement 20 à 30 % de leur capacité.

« Il faut que les ministères du Tourisme et du Transport se mettent autour d’une table pour trouver des solutions rapides. La saison touristique qui s’annonce excellente ne doit pas être pénalisée par un manque de transport aérien », a-t-il insisté.

Tout en reconnaissant la nécessité de restructurer Tunisair, il appelle à des mesures immédiates pour alléger les contraintes administratives imposées aux compagnies desservant la Tunisie, sans pour autant porter préjudice au transporteur national.

Par ailleurs, le fondateur de l’hôtel Alhambra considère que la promotion de la Tunisie comme une destination unique est un concept dépassé. Pour lui, il faut désormais valoriser chaque région en fonction de ses spécificités et lui donner une identité propre.

« Yasmine Hammamet doit se distinguer de Tozeur et du tourisme saharien, qui doit lui-même être différent de Tabarka. Il est essentiel d’identifier les atouts de chaque région et d’y investir en conséquence », a-t-il déclaré.

Prenant l’exemple de Tunis-Carthage, il regrette l’absence d’une valorisation moderne du patrimoine historique. Il suggère la création d’un musée interactif ou d’une ville carthaginoise reconstituée, en s’appuyant sur l’innovation et la technologie, notamment grâce aux startups tunisiennes.

Il estime également que Djerba doit aller au-delà du tourisme balnéaire et que Tabarka pourrait devenir une destination offshore prisée par les Algériens et les visiteurs des pays du Golfe. À Yasmine Hammamet, il propose le développement de terrains de golf en exploitant des terres actuellement en indivision. Il plaide pour la création d’une société de développement du golf, qui permettrait aux propriétaires fonciers de valoriser leurs terrains et d’attirer une clientèle haut de gamme.

L’un des défis majeurs du tourisme tunisien reste la saisonnalité. Pour Taieb Zahar, la clé réside dans la diversification des activités proposées. « Si nous faisons de Tabarka une zone offshore avec des enseignes de luxe, si nous transformons Hammamet en une ville golfique et de bien-être, nous n’aurons plus de problème de saisonnalité », affirme-t-il.

Il met également en avant le potentiel du tourisme rural, qui répond à une demande internationale croissante et peut être un levier intéressant pour les régions de l’intérieur. Il rappelle que ce type de tourisme génère généralement des revenus plus élevés par nuitée que le balnéaire.

Enfin, il soulève la question du financement du secteur, estimant que les crédits actuellement accordés aux hôteliers ne sont ni adaptés ni suffisamment longs pour permettre un développement durable. « Il faut repenser le financement du tourisme en trouvant des solutions pour les hôtels en difficulté, qui souffrent de dettes et sont contraints de fermer », explique-t-il.

Taieb Zahar, a appelé à une véritable vision stratégique du tourisme à la fois pour moderniser l’offre et pour attirer une clientèle à plus fort pouvoir d’achat. Comparant la situation avec le Maroc, où les hôtels affichent des taux d’occupation nettement supérieurs en basse saison, il insiste sur la nécessité de revoir en profondeur les politiques touristiques tunisiennes.

« Ce qui compte aujourd’hui, ce ne sont pas uniquement les chiffres de fréquentation, mais bien les revenus générés par touriste. C’est en comparant nos recettes avec celles d’autres destinations comme le Maroc que nous pourrons mesurer notre réussite », conclut-il.

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