Taïeb Zahar pointe les lacunes dans les mesures gouvernementales au profit de la presse écrite

La crise secouant le secteur médiatique notamment la presse papier a fait l’objet de l’intervention du président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ), Taïeb Zahar, ce samedi 9 mai 2020, sur les ondes d’Express FM.
Invité de Béchir Karoui, Zahar a d’abord relevé un problème au niveau de la distribution des journaux papier notamment à l’intérieur du pays malgré une reprise graduelle de l’édition de ces journaux. Une opération bloquée, depuis mars dernier suite à la propagation du Covid-19 ayant infecté 1030 personnes et coûté la vie à 45 autres en Tunisie, selon un dernier bilan officiel.
Taïeb Zahar a relevé, également, les problèmes financiers auxquels font face les établissements de la presse écrite précisant que leur chiffre d’affaires actuel équivaut à 40% de celui enregistré avant le déclenchement de la crise du Covid-19.
Zahar a, par ailleurs, salué l’interactivité de la présidence du gouvernement après de multiples tergiversations de la part des différents gouvernements qui se sont succédé au fil des années. Toutefois, des décisions plus urgentes et plus concrètes à l’instar de la prise en charge des salaires des employés des entreprises de presse lésées par le virus auraient été plus utiles, selon le président de la FTDJ.
Revenant sur les mesures annoncées par la Kasbah, le 6 mai 2020, au profit du secteur médiatique pour faire face aux répercussions du Covid-19, l’invité d’Express FM a assuré de la nécessité de créer un kiosque-éditeur pour chaque journal, une plateforme sur laquelle la fédération a travaillé depuis près d’un an avec ses partenaires, juste après le lancement de « TT Presse » avec Tunisie Telecom. Rappelons, dans ce sens, que le gouvernement avait décidé d’octroyer 1,2 million de dinars pour les abonnements numériques de la presse papier publiant une version en ligne en cette crise sanitaire.
Et d’ajouter qu’en cette période caractérisée par la suspension des publicités, un montant estimé à 5 millions de dollars (dédié au soutien de l’effort de communication de l’Etat dans les campagnes de sensibilisation) devrait être réparti sur les médias selon certains critères qui seront fixés incessamment.
A partir de lundi prochain, des réunions seront, de surcroît, tenues avec la partie gouvernementale. Ces entrevues auront pour objectif la concrétisation des mesures annoncées par la Kasbah notamment la consécration d’une part du budget de l’Etat évaluée à 5 millions de dinars destinée au financement du programme d’habilitation du secteur à la transition digitale.
Notons que le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi avait lancé une initiative, dans cette optique, au profit des médias. En effet, Abassi avait exprimé son attachement au Fonds de digitalisation des médias soulignant qu’il cherchait les moyens financiers nécessaires pour le concrétiser. Il avait, de plus, exhorté les banques et les grandes entreprises à maintenir leurs campagnes publicitaires dans la presse écrite afin de garantir l’équilibre financier de ces établissements médiatiques.
Taïeb Zahar a, aussi, précisé qu’une contribution directe versée aux trésoreries des différents sites médiatiques sera examinée.
Il a été, également, question d’appeler à l’accélération de l’examen du projet de loi portant création de l’agence nationale de gestion de la publicité publique et des abonnements, un projet soumis à l’Assemblée depuis des mois et visant à alléger la charge des entreprises médiatiques. Cette revendication a, d’ailleurs, été partagée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Le Syndicat vise à allouer 5% des revenus obtenus par la mise en place de cette agence au fonds d’entraide et de solidarité entre les journalistes.
Au final, Taïeb Zahar a souligné que l’objectif ultime était d’assurer la pérennité des établissements médiatiques tout en préservant les droits des journalistes. « On ne peut guère parler de démocratie sans presse écrite », a-t-il conclu.

 

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