Taoufik Rajhi et Chedly Ayari : « les deux responsables de la débâcle économique »

A gauche : Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie. A droite : Taoufik Rajhi, ministre-conseiller économique auprès du Chef du gouvernent d’union nationale chargé des grands projets de réformes.

Très peu tendre a été Houcine Dimassi, ancien ministre des Finances et expert en économie, en évoquant la politique économique du gouvernement. Intervenant dans Politika de ce vendredi 29 décembre 2017, il considère que deux responsables sont à l’origine de la débâcle actuelle en Tunisie : Taoufik Rajhi, ministre-conseiller économique auprès du Chef du gouvernement d’union nationale chargé des grands projets de réformes, et Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

Une politique économique inadaptée
Ce sont des responsables que l’on voit très peu, poursuit l’ancien ministre, mais qui sont pourtant présents depuis la Révolution. « La loi de Finances complémentaire de 2017 comprenait des dépenses faramineuses, totalement inadaptées à la situation du pays. De fait, Taoufik Rajhi a proposé ce que l’on appelle dans le jargon économique le Go and Stop. Autrement dit, la hausse des dépenses de l’Etat. Chose à laquelle je m’étais opposé », a expliqué Houcine Dimassi.
Une telle politique, a-t-il souligné, n’est applicable que dans un pays souffrant de surproduction, et ce afin de stimuler la consommation et de rééquilibrer la balance. Or, ce n’était pas le cas de la Tunisie en 2012 qui connaissait, a-t-il rappelé, une baisse de production. « Les conséquences, nous les connaissons et nous les subissons aujourd’hui : inflation, dégringolade du pouvoir d’achat et baisse du cours du dinar », a noté l’ancien ministre des Finances.

Chedly Ayari, le spectateur passif
Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, n’a pas joué, de son côté, son rôle de régulateur selon Houcine Dimass. La loi de 2015 relative aux prérogatives du gouverneur de la BCT lui accorde une autonomie totale concernant le taux directeur et le cours du dinar. « De ce fait, cela signifie que le gouverneur avait la possibilité de dire « non » aux mesures inefficaces décidées par le gouvernement », a déclaré l’ancien ministre, qui a fustigé Chedly Ayari pour ne pas s’être opposé à la politique du « Go and Stop » suggérée par Taoufik Rajhi en 2012. « Les injections de l’Etat ont dépassé les 11 milliards de dinars. Ce sont les banques qui ont profité de cette enveloppe. En contre-partie, elles n’ont pas accordé de prêts pour stimuler l’investissement. Chedly Ayari a donc financé le déficit de l’Etat », a encore assuré Houcine Dimassi.

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