Tarak Cherif s’interroge sur les fonctionnaires inactifs : et si on parlait des évadés fiscaux ?

L’économie toute entière tourne au ralenti en Tunisie à cause de la crise sanitaire, générée par le coronavirus (COVID-19). Aujourd’hui, quelque 1,5 million de Tunisiens sont en train de travailler pour faire vivre tout un pays. Plusieurs salariés se sont retrouvés au chômage technique. Quant aux fonctionnaires de l’État, c’est la même donne pour un grand nombre d’entre-eux.
Dans une déclaration accordée à Shems FM jeudi 9 avril 2020, le président de la CONECT (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie), Tarak Cherif, a déploré le fait que plusieurs fonctionnaires continuent de toucher la totalité de leurs salaires alors qu’ils sont actuellement inactifs à cause du confinement et des consignes sanitaires.
Il y a peut-être du bon sens dans ces propos, mais ils laissent, néanmoins, perplexes. Oui, le secteur public doit participer à l’effort national, tout comme le secteur privé. Cependant, ces fonctionnaires qui sont dans le viseurs de Tarak Cherif sont, pour une grande partie, dans des situations financières difficiles, écrasés par le poids de leurs dettes, avec des familles à nourrir.
Et si l’on parlait un peu des évadés fiscaux ? Selon les derniers chiffres fournis par l’expert comptable Houssem Eddine Taabouri, le coût de cette évasion se serait élevé, en 2019, à 1,5 milliard de dinars. Cela fait une coquette somme. Et si on restituait cet argent aux caisses de l’État afin d’appuyer l’effort national dans la lutte contre le coronavirus ? Il est inutile de s’attaquer à des salariés qui n’ont pas choisi d’être confinés, qui sont déjà en difficulté et qui pour la plupart font du télétravail alors que des évadés fiscaux, se croyant au-dessus des lois, courent encore dans la nature avec ces 1,5 milliard de dinars.
Le bon sens n’est malheureusement pas la chose du monde la mieux partagée, Nous aurions pu comprendre et peut être même partager le raisonnement du président de la CONECT, s’il avait osé parler également de  la problématique de l’évasion fiscale et de ceux qui en profitent le plus.
On devrait arrêter pour les uns de tirer sur les fonctionnaires et pour les autres d’essayer d’écraser le privé.
A bon entendeur.

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