C’est un témoignage accablant, qui fait honte. En Tunisie, en 2016, 170 ans après l’abolition de l’esclavage et 6 ans après la révolution, on entends toujours parler du phénomène de racisme.
Dans un post publié sur sa page Facebook, Sabrine Ngoy, une jeune fille tunisienne de couleur, a affirmé avoir été agressée et harcelée à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis rien que pour la couleur de sa peau. Elle a précisé qu’elle avait été agressé hier mardi 04 octobre 2016 par un groupe de jeune hommes à bord d’une voiture alors qu’elle se promenait avec son ami à Tunis. Sabrine Ngoy, a ajouté qu’elle s’est adressée aux policiers qui étaient sur les lieux pour porter plainte contre ses agresseurs. Toutefois, elle a été menacée ainsi que son copain par le groupe de jeunes hommes. L’un d’entre eux, en état d’ivresse, a tenu à les agresser verbalement et physiquement alors qu’ils se dirigeaient vers les policiers. L’homme en question a assuré qu’il a des pistons dans la Police et qu’ils ne peuvent rien faire par cette plainte. Une plainte a été déposée et l’agresseur a été arrêté.
Voici en intégralité le post de la jeune fille:
« Je suis Sabrine NGOY, une fille Tunisienne noire.
N’ai-je pas le droit, de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau?
Je marche le long de l’avenue Habib BOURGUIBA avec mon ami Youssef qui est « blanc ».
En paix, ravis de se retrouver comme d’habitude. Une voiture passe près de nous et J’entends, sans se soucier de personne, à haute voix, une insulte à connotation sexuelle parce que je suis noire.
Mon ami décide de prendre le numéro de la voiture. Ils l’insultent. De suite Youssef réagit, voyant que les policiers ne sont pas loin. Alors, ceux qui se trouvent dans la voiture,commencent à s’affoler et à nous insulter :
-Vous ne pouvez rien nous faire…Pute…Noire, et autres insultes.
Le conducteur descend de la voiture, pas en état de conduire, agressif, à notre poursuite, prétend qu’il a quelqu’un d’influent au service de la police. Nous arrivons jusqu’aux policiers et ces derniers l’arrêtent . Ses deux amis nous rejoignent et se mettent à nous menacer:
-Si vous portez plainte, vous aurez affaire à nous!
Tous au septième « GORJANI », les policiers font leur boulot et je dépose ma plainte pour agression verbale raciste.
J’ai eu comme question: Pourquoi tu tiens à cette plainte?
Ma réponse! Pour faire court, les insultes à cause de ma couleur, je les affronte matin, après midi et soir, depuis mon plus jeune âge.
Aujourd’hui j’ai été agressée verbalement entre la grande montre de l’avenue et la statue de Habib Bourguiba, j’aurais pu me faire agresser, loin des yeux, dans une rue sombre. Je ne suis pas un cas isolé,d’autres se font, quotidiennement, agresser à cause de leur couleur. Ces gens finissent par haïr leur pays et leur histoire à cause de ces agressions, répétitifs, aux yeux de tous,
donc je me demande:
-N’ai-je pas le droit, de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau?
Jusqu’à quand les noirs tunisiens seront agressés partout ?
**C’est mon droit d’être en paix dans mon pays , peut importe la différence** »