Par Fayçal Chérif
Le nouveau visage du terrorisme
Cet attentat qui encore une fois fut commis par un petit groupe d’une cellule dormante sur les hauteurs de Bulla Regia (Jendouba) reprend les méthodes employées par le GIA en Algérie dans les années 90. Il n’est pas étonnant non plus que la connexion algérienne soit bel et bien présente. En effet deux des cinq terroristes sont Algériens. Cette tactique fait peur, car elle peut mettre en doute la confiance en l’uniforme officiel des forces de l’ordre. Cette manière de procéder était monnaie courante en Algérie, au point que les terroristes évoquaient dans leur propagande que c’était la gendarmerie ou l’armée qui commettait les crimes contre des civils innocents. Nous pensons que la gravité de l’acte réside dans le doute que laisse planer l’uniforme policier et militaire, car au-delà du crime commis, la symbolique qui consiste à se présenter en uniforme d’apparat peut — surtout la nuit —créer un doute chez le citoyen qui pourrait se généraliser et surtout permettre aux terroristes de circuler librement. C’est pourquoi il faudrait anticiper et ne plus subir.
Relativiser et compter sur la vigilance citoyenne
Toutefois, il faudrait relativiser cette crainte de voir ces groupes adopter les modes de barrages, car ils ne bénéficient d’aucun soutien citoyen, mis à part quelques collaborateurs ou proches. Le scénario algérien était politique à l’origine. Or en Tunisie, l’islam politique participe pleinement à la vie publique. Rappelons que la traque de ces groupes terroristes est devenue quasiment un devoir national aussi bien chez les forces de l’ordre que chez l’ensemble des Tunisiens. Le projet des groupes sanguinaires commence peu à peu à dresser une écrasante majorité de la population contre eux. À ce titre, nous assistons de plus en plus à des appels de dénonciation de tout mouvement de groupe, de personnes, de véhicules, de demeures et d’entrepôts suspects. Ce comportement va s’ancrer de plus en plus et constituera — espérons-le — le pilier de travail des services de renseignements… Cependant, la lutte antiterroriste peine toujours à se doter d’une stratégie appropriée.
Revendications légitimes de la Garde nationale
Le travail de vigilance de la Garde nationale couvre plus de 70% du territoire. La Garde a-t-elle les moyens techniques et logistiques pour faire face à cette nouvelle guerre contre le terrorisme ?
Les appels des syndicats et des hommes de terrain ne cessent de répéter que les moyens offerts aux forces de l’ordre sont insignifiants par rapport aux défis que représentent ces groupes. Car au-delà du défi du terrorisme, la contrebande constitue le socle sur lequel ils contrôlent les frontières et une source de financement de leurs opérations. Cette guerre n’est guère conventionnelle et il faut se donner simplement les moyens de nos ambitions pour faire face à ce fléau qui menace notre sécurité et notre économie.
Faut-il répéter que notre sécurité nationale doit être préservée de toute ingérence politicienne ?. Institutionnaliser la lutte antiterroriste et veiller à notre sécurité doit être le travail d’une Agence nationale de sécurité totalement indépendante des décisions politiques, mais responsable devant les élus. La sécurité nationale doit englober la lutte conte la contrebande et veiller à notre sécurité alimentaire. Elle devrait de ce fait se doter des meilleurs experts afin de pouvoir dresser des stratégies et mener des opérations préventives.
F.C