Suite à l’attentat de Berlin, l’image de la Tunisie, soigneusement reconstruite, semble avoir perdu de son éclat, du moins d’un point de vue purement européen. Les médias du Vieux Continent n’ont eu de cesse de rappeler la triste pole position du pays en matière d’exportation de terroristes à l’étranger. La Une du Figaro du 23 décembre 2016 demeure l’un des exemples les plus frappants. Vient ensuite l’accusation du ministre allemand de l’Intérieur, affirmant que la Tunisie avait volontairement retardé la procédure d’expulsion d’Anis Amir.
De nombreuses failles sécuritaires
Il se pourrait que les autorités européennes tentent de trouver un responsable (un bouc émissaire ?) impliqué dans les attentats qui ont frappé le continent en 2016. Mais si l’on parlait de l’appareil sécuritaire ? Que ce soit pour Nice en juillet dernier ou pour Berlin tout récemment, le dysfonctionnement des renseignements a été admis par plusieurs experts en la matière.
Les deux terroristes, tous deux tunisiens, étaient connus des services de renseignements et leur dangerosité faisait d’eux des « suspects à risque », pouvant passer, à tout moment, à l’action. Pourtant, aucune disposition adéquate n’avait été prise à leurs égards.
Selon des médias européens, on apprend qu’Anis Amri, avant d’être abattu à Milan, était en possession d’un ticket de train français, retrouvé dans son sac à dos. Il a, en effet, emprunté le train dans la ville de Chambéry (Nord des Alpes en France), et il est passé par Turin en Italie, pour ensuite arriver à Milan la nuit. Autrement dit, il est passé entre les mailles du filet, alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé dans toute l’Europe à son encontre.
Plus encore : la police allemande connaissait Anis Amri depuis longtemps et elle était parfaitement au courant de ses liens suspects avec le salafisme et l’islamisme radical. Il était même classé dangereux et la police savait également qu’il disposait de plusieurs identités. De plus, Anis Amri avait fait l’objet d’une enquête pour « préparation d’un acte criminel grave représentant un danger pour l’État », apprend-on encore des médias européens. Pourtant, son cas a été classé à Berlin, faute « d’éléments probants ».
Le risque zéro n’existe pas, certes, mais il est honorable d’avoir le courage d’admettre ses lacunes et de tenter de les combler afin d’éviter les catastrophes.
La Tunisie que l’on dit l’un des pays exportateurs de terroristes, vit aussi sous la menace de ce fléau qui a douloureusement marqué l’année 2016 dans le monde entier. Néanmoins, affirmer qu’elle représente le principal « vivier », terme employé par Le Figaro, du terrorisme mondial, est hâtif et relève d’une imprudence grave. La prudence et l’objectivité : voilà deux ingrédients nécessaires au traitement des sujets délicats, tels que le terrorisme.