
De gauche à droite : Jalel Zayati, vice-président de la FTTH, Hosni Boufaden, président de la FTTH, Néjib Karafi, DG de la FTTH, Rachid Zarrad, industriel et membre du bureau exécutif de la FTTH.
Fraîchement sortie de son congrès constitutif du 17 décembre 2017, la Fédération Tunisienne du Textile et de l’Habillement (FTTH) a tenu son premier rendez-vous médiatique ce 21 décembre 2017 à Tunis, pour présenter sa vision du secteur, ses projets et ses objectifs. La protection du marché local, sans l’isoler : tel était le mot d’ordre à retenir de la conférence de presse.
« Une légitimité incontestable »
Après avoir rappelé la genèse de la FTTH, Néjib Karafi, directeur général, a rappelé que la Fédération s’appuie sur ses structures régionales. « 571 entreprises ont pris part au congrès du 17 décembre 2017. Cela confère une légitimité incontestable à la fédération », s’est-il félicité. La FTTH, poursuit-il, a été créée suite à une « goutte qui a fait déborder le vase », à savoir l’augmentation salariale qui devait entrer en vigueur en 2017 suite à un accord conclu entre l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l’Union Tunisienne d’industrie, du commerce et de l’Artisanat (UTICA). Les industriels, à travers la création de la fédération, ont donc voulu prendre leur destin en main.
« Le marché est composé de 1600 entreprises, employant 160 000 ouvriers. C’est un chiffre qui peut être revu à la hausse à hauteur de 80 000 postes supplémentaires », a assuré, de son côté, Jalel Zayati, vice-président de la FTTH, ajoutant que le marché tunisien reste prometteur.
« Pas question de réintégrer l’UTICA »
Qu’en est-il des relations avec l’UTICA ? « Notre fédération ne découle pas d’un mal entendu avec l’Union », a assuré Hosni Boufaden, président de la FTTH. Le départ de l’UTICA est une suite logique de la croissance du secteur. « Compte tenu de ses performances, une telle industrie a le droit à sa fédération défendant les intérêts des acteurs du secteur ». Le président assure que les deux organisations ne sont pas dans une situation de confrontation. Des pourparlers sont en cours actuellement, mais ce n’est pas dans l’objectif de réintégrer l’UTICA. « Nous composerons avec l’UTICA. Les industriels ont choisi de former une fédération indépendante. Pour souligner notre volonté d’apaisement, nous avons formulé des propositions de protocoles adressées à l’Union », a-t-il ajouté.
Reprenant la parole, Néjib Karafi est revenu sur les particularité de la FTTH. « Le pouvoir décisionnel appartient aux régions. La fédération réunit aussi bien les petites entreprises que les grandes entreprises, actives dans toutes les branches », a-t-il expliqué, soulignant l’importance d’une administration forte pour pouvoir relier les industriels.
Permettre aux sociétés exportatrices de réintégrer le marché local
L’objectif principal de la FTTH, rappelons-le, est de protéger le marché local. Chose qui a été expliquée par Hosni Boufaden, président de la FTTH. L’objectif n’est pas d’isoler le marché local, mais de le protéger. Dans ce cadre, une proposition a été soumise au gouvernement de la part de la FTTH, portant sur le cadre juridique régissant les sociétés tunisiennes totalement exportatrices. « Le cadre juridique constitue une problématique. Les sociétés œuvrant sur le marché local souffrent de la contrebande. Quant aux exportatrices, qui produisent pourtant de la bonne qualité à des prix compétitifs, elles ne peuvent vendre sur le marché local qu’après un parcours du combattant », a-t-il déploré.
Hosni Boufaden poursuit en affirmant que ces sociétés ne peuvent vendre que 30% de leur production sur le marché tunisien. Pour y arriver, elles doivent fournir un dossier bien rempli, se heurtant, par la suite, à des obligations douanières lourdes. « Une société étrangère peut vendre facilement en Tunisie, parfois sans droits de douane, alors que les tunisiens doivent commencer par vendre à l’étranger pour pouvoir, ensuite, vendre en Tunisie. Pourtant, si elles sont capables de vendre selon les normes européennes, cela signifie que leur produit est compétitif ! », a encore affirmé le président de la FTTH. Et d’ajouter : « nous souhaitons l’instauration d’un cadre juridique adéquat, permettant aux sociétés exportatrices d’intégrer le marché local. De ce fait, le déficit commercial va baisser. L’exportation tunisienne vers l’Europe en matière de prêt-à-porter a atteint les 5,4 milliards de dinars, soient 2% du marché européen. Nous pouvons encore améliorer ces chiffres et créer de nouveaux emplois ».